La question démocratique et la participation citoyenne au Maroc
par Abdelmoughit BENMESSAOUD TREDANO
Professeur de science politique, Université Mohammed V, Souissi, Rabat et Directeur de la Revue Marocaine de Sciences Politiques et Sociales
Présentation de l’intervention
Désaffection des citoyens et déliquescence du politique
Le cataclysme du 7 septembre 2007, lors des élections législatives, traduit par une abstention record (moins de 20 % de participation) ([1]) a posé, avec une acuité toute particulière, la question de l’engagement politique et du rôle des partis politiques et surtout de ceux de l’opposition au Maroc.
Les élections législatives partielles de septembre 2008, organisées dans trois villes différentes du pays, marquées elles aussi par une faible participation (moins de 15% dans certaines circonscriptions), n’ont fait que conforter une tendance lourde remarquée depuis une vingtaine d’années.([2])
Les chiffres sur la représentativité des partis politiques et du gouvernement issus des élections du 7 septembre 2007 (lors des législatives du 25 novembre 2011, la situation n’a pas changé fondamentalement au niveau de la représentativité sauf la victoire du PJD) donnent une idée sur l’ampleur du désaveu du politique de la part de l’ensemble des Marocains et surtout des partis de l’ancienne opposition.
Si on décline ce taux de participation ou plutôt de non- participation et de la représentativité de nos institutions, on découvre une réalité ahurissante…….
Il tombe sous le sens qu’on ne peut pas dans un pays où l’engagement et le pluralisme politiques était, durant les trois premières décennies post indépendance, à la différence d’un grand nombre de pays du Tiers- monde où le parti unique dominait, le trait majeur de la vie politique au Maroc, ne pas se poser des questions sur les causes d’une telle déliquescence.
[1]- Avec 37% de participation, environ un million de bulletin nuls et trois millions qui ne sont pas inscrits on arrive à ce chiffre de 20% de personnes du corps électoral intéressé par ce scrutin ! Voir Abdelmoughit Benmessaoud Tredano, « De la transparence et de la participation à « l’inutilité » d’un scrutin », in Les élections législatives du 7 septembre 2007, jeux et enjeux d’un scrutin, Ed.CRESS, 2008.[2]- La participation a varié au gré des scrutins ; elle était de 78 % en 1963 ; 82 % en 1977, 67,43% en 1984, 63,9 % en 1993, 58,30 en 2002 et 37 % en 2007.