Le vieillissement : prises en charge et représentations
La question du vieillissement est en train de devenir une question sociale de première importance au Maroc. Elle découle directement de l’augmentation de la durée de la vie, et, partant, de la transition démographique accomplie par le pays. Elle pose la question de la prise en charge de la longévité, dans la mesure où celle-ci implique un système de retraite apte à faire face à l’allongement de la durée de la vie en même temps qu’un système d’assurance-maladie à même de faire face à l’augmentation de la durée des traitements et à la survenance d’affections découlant du vieillissement.
Le vieillissement pose donc plusieurs problèmes à la fois et prend ainsi l’aspect d’un véritable analyseur des politiques publiques sociales marocaines et de leurs difficultés. Tout d’abord se pose, en effet, la question de l’accès aux soins et du financement de ceux-ci. Ensuite, vient le problème de l’existence d’infrastructures et de services à même de prendre en charge les besoins spécifiques des personnes âgées. Elles ne sont pas nombreuses au Maroc et leur fonctionnement peut être problématique. Mais des questions plus médicales se posent, plus ou moins liées aux modes de vie et à leur distribution en fonction des groupes sociaux. Le vieillissement, comme beaucoup d’autres étapes de la vie, est inégalitaires dans ses causes et dans ses conséquences. On ne vieillit pas de la même manière et la vieillesse n’est pas vécue de façon identique selon que l’on appartient à tel ou tel groupe et selon que l’on vit à la ville ou à la campagne. Les inégalités territoriales ont un impact sur la qualité de vie des personnes âgées. L’ensemble de ces problèmes relève clairement des politiques publiques. Ce qui pose inévitablement la question de la priorité des politiques consacrées au vieillissement. Quand bien même le constat est-il fait de leur nécessité, il reste à déterminer leur degré de priorité par rapport à d’autres priorités et en fonction de la capacité des principaux intéressés à exercer une pression sur les arbitrages gouvernementaux.
Mais au-delà de ces questions directement liées à l’action publique se pose aussi la question plus large, parce que sociétale, de la représentation de la vieillesse et des personnes âgées. Cette dernière question relève à la fois du public et du privé. Elle relève du public, parce que ce sont les interactions sociales et culturelles qui participent à mettre en place l’image de la vieillesse, influant ainsi sur les conduites de tout un chacun. Mais c’est aussi une question relevant du privé, puisque chaque individu se positionne plus ou moins volontairement et plus ou moins réflexivement vis-à-vis de ces représentations. In fine, elles influent aussi sur les politiques publiques. Leurs concepteurs sont aussi des membres de la société et en partagent les représentations et les attentes. C’est notamment vrai s’agissant de la reconnaissance et de la garantie des droits liés à l’âge.
Les rencontres se proposent d’aborder les différents aspects de la question en partant du constant démographique jusqu’aux modifications des représentations du corps. Il s’agira d’explorer ce qui pourrait rapidement se décrire comme « un fait social total ». Nous traiterions de cinq thèmes en conservant la dimension comparative introduite dans les premières Rencontres :
1. Mutations démographiques et changements de représentation de la vieillesse
2. Etat de santé et vieillissement
3. Les infrastructures destinées aux personnes âgées
4. La prise en charge économique, sociale et thérapeutique du vieillissement
5. Les représentations du corps
Lieu : Université sidi Mohamed Ben Abdellah, Faculté des lettres et des sciences humaines, Fès.