Le jeudi 17 avril 2014, de 18.00 à 20.00, E.I. Filippova (directeur des recherches à l'Institut d'ethnologie et d'anthropologie de l'Académie des sciences de Russie) interviendra sur le thème « Moscou à la recherche d’une expérience étrangère de gestion de la diversité culturelle ».
Tranchant avec les discours habituels sur la « voie particulière » de la Russie et son caractère « multinational» unique, les pouvoirs moscovites, et plus précisément le Département de collaboration interrégionale, politique nationale et liens avec les organisations religieuses de la ville de Moscou ont exprimé le souhait d’étudier l’expérience des capitales européennes dans la gestion de la « diversité culturelle », et d’appliquer cette expérience dans leur activité pratique.
Des ethnologues ont été invités à participer à la réalisation de ce projet, leur tâche étant de formuler les questions pour les experts étrangers, de recueillir les informations disponibles sur les grandes villes européennes et de tirer les conclusions des matériaux ainsi recueillis.
Comme à Moscou, la diversité culturelle des capitales européennes a une double origine : la formation multiséculaire de la population de ces pays, et les processus migratoires récents. Cependant, si les pouvoirs moscovites s’intéressent surtout à la question « ethnique » et aux populations non-russes, et seulement dans un second temps aux problèmes des immigrants, la situation dans les pays européens est à l’opposé : les « vieilles » minorités, traditionnellement installées et intégrées, ne nécessitent pas l’attention des pouvoirs municipaux, alors que la situation des migrants est vue comme défavorisée, et perçue comme grosse d’instabilité et de tensions dans la société.
De là les programmes municipaux destinés à favoriser l’intégration des migrants, à réhabiliter le milieu urbain, en particulier les quartiers peuplés en majorité d’immigrants, à inclure les enfants de migrants dans le système scolaire. L’accent principal est mis non sur des mesures d’interdiction ou de protection, mais sur l’intégration des migrants dans la communauté urbaine, sur leur transformation de « corps étranger » en partie intégrante d’un mécanisme urbain uni.
Si les pouvoirs moscovites veulent que l’étude de l’expérience étrangère porte ses fruits, il est nécessaire de réviser en conséquence les objectifs et le contenu de la politique de la ville en direction des minorités et des migrants.