Dédié à Michael Werner, ce colloque entend réexaminer le rôle et la place des sciences sociales en société, en prenant la France et l'Allemagne comme cas d'école. Au départ, nous ferons nôtre la préoccupation constamment réaffirmée par Michael Werner d'une (re)fondation des sciences sociales en prise avec une société en mouvement et avec ses enjeux politiques et épistémologiques. Cette préoccupation détermine autant la manière de construire les objets scientifiques que de s'engager dans la politique des sciences. Qu'il s'agisse de conduire une analyse scientifique, ou d'agir sur les institutions, Michael Werner privilégie une même approche relationnelle, impliquant des transactions socio-culturelles à géométrie variable et des jeux d'acteurs à différentes échelles.
La question programmatique « Quelles sciences sociales pour quelle société ? »vise ainsi à placer le débat tant sur des terrains d'enquête chers à Michael Werner (tels que la théorie des approches sociohistoriques et socioculturelles, les pratiques culturelles et sociales de la musique, l'historiographie franco-allemande, etc.), que sur le travail des sciences sociales dans la société, sur le statut du chercheur et de son savoir dans la cité.
Cinq thèmes structureront les débats et les échanges auxquels seront conviés des chercheurs de différentes générations :
« La politique des sciences en régime d'excellence » : les effets de l'injonction d'excellence sur les sciences sociales ;
« Le travail entre les disciplines » : les exigences externes et internes de l'interdisciplinarité, le type de normativité et de rapports de force qu'elles introduisent ;
« Le transnational : objet empirique et enjeux épistémologiques » :
le double enjeu d'une variation des échelles d'analyse et de l'internationalisation des pratiques et des réseaux de recherche ;
« La musique comme activité sociale » : la compréhension du fait musical comme fait social ;
« Les sciences sociales en politique » : le double processus d'un savoir qui fait la société et d'une société qui produit le savoir, autrement dit la prise en compte des valeurs sociales et politiques du travail savant.
Au total, il s'agit rien moins que d'interroger les fondements d'une épistémologie de la recherche en sciences sociales dans le temps présent d'une manière qui intègre les différents types de contrainte qui pèsent sur elle.
Comité Scientifique
Pierre Monnet (Institut français d'histoire en Allemagne) Patrice Veit (Centre Marc Bloch) Nathalie Faure (CIERA) Hervé Joly (CIERA) Jay Rowell (CIERA) Bénédicte Zimmermann (Centre Georg Simmel, EHESS)