Le Laboratoire international associé « Inégalités, développement et équilibres politiques » est un laboratoire du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Il associe des unités de recherche françaises et marocaines. Il est dirigé par deux coordinateurs, un français, représentant le CNRS (Monsieur Jean-Noël Ferrié), et un marocain (Monsieur Saïd Hanchane). Ce laboratoire est créé pour une période de quatre ans renouvelable. Un comité de pilotage assure la supervision de ses activités. Il comprend les tutelles des unités de recherche concernées et des membres extérieurs.
Les séminaires organisés, tous les 3èmes mardis du mois, dans le cadre des activités de ce laboratoire visent à interroger des questions traitant l’impact des inégalités sur le développement humain et sur les équilibres politiques, en considérant les inégalités objectives et les inégalités subjectives, c’est-à-dire les inégalités perçues. Cette problématique est posée à partir de la société marocaine, qui connaît des inégalités évidentes tout en évitant les crises majeures dans une région secouée par des mutations incertaines.
Par Monsieur Hafid HACHRI, médecin spécialiste en santé publique. Il a été, de 2011 à 2014, le chef de la division des soins ambulatoires au ministère de la santé au Maroc. Il est actuellement chargé au sein du bureau de l’Organisation Mondiale de la Santé à Rabat d’un programme intitulé « le système de santé ». Ce programme est centré notamment sur l’évaluation des politiques publiques nationales de santé.
Le terme disparités en santé (healthdisparities aux Etats-Unis, healthinequalities dans le reste du monde anglophone) exprime le décalage qui existe entre les besoins en santé de certains patients appartenant à un groupe socio-économiquement désavantagé et la qualité moindre des soins qui leur sont prodigués, par rapport à d’autres moins vulnérables et plus avantagés dans les soins obtenus.
Les disparités en santé nous confrontent à la qualité des soins, soins qui devraient être pour tous disponibles, efficaces, centrés sur les besoins du patient, opportuns en termes de temps, efficients mais aussi équitables.
Selon le rapport de la santé dans le monde en 2008, « comblé le fossé en une génération, instauré l’équité en santé en agissant sur les DSS », on constate que l’espérance de vie continue à s’allonger et l’état de santé s’améliorer dans certaines parties du monde, mais nous les voyons stagner dans d’autres. Une petite fille qui vient au monde aujourd’hui peut espérer vivre plus de 80 ans si elle naît dans certains pays, mais moins de 45 ans dans d’autres. On observe au sein même des pays de très grandes différences d’état de santé qui sont étroitement liées à la condition sociale. Des disparités de pareille ampleur, tant dans les pays qu’entre eux, ne devraient tout simplement pas exister.
Ces inégalités en santé, qui pourraient être évitées, tiennent aux circonstances dans lesquelles les individus grandissent, vivent, travaillent et vieillissent ainsi qu’aux systèmes de soins qui leur sont offerts. A leur tour, les conditions dans lesquelles les gens vivent et meurent dépendent de forces politiques, sociales et économiques.
Afin de réduire ces disparités, il est nécessaire de développer des actions intersectorielles afin d’agir sur les déterminants sociaux de la santé et garantir avec dignité le droit à la santé pour toute la population et ce en assurant les actions suivantes :
Lutter contre les facteurs de disparités de santé et contribuer à les réduire sur le territoire notamment en portant une attention particulière aux populations vulnérables.
Diminuer sur le long terme les coûts sanitaires et sociaux en intervenant en amont des problèmes (promotion et prévention de la santé) et en agissant sur l’ensemble des déterminants qui influencent l’état de santé : logement, emploi, éducation, loisirs, environnement, revenus, culture...
Plaider pour un accès à la santé équitable, pour tous, aux différents âges de la vie, sans aucune discrimination sociale, ethnique, culturelle, territoriale, générationnelle, de genre...
Mettre en place des services de santé de bonne qualité et à vocation universelle, centrés sur les soins de santé primaires (médecine de famille).
Renforcer les personnels de santé et développer leur capacité d’influer sur les déterminants sociaux de la santé.
Lutter contre les inégalités dans la répartition du pouvoir, de l’argent et des ressources, c’est-à-dire les facteurs structurels dont dépendent les conditions de vie quotidiennes, aux niveaux mondial, national et local.
Mesurer l’ampleur du problème, évaluer l’efficacité de l’action, étendre la base de connaissances, se doter d’un personnel formé à l’action sur les déterminants sociaux de la santé et sensibiliser l’opinion aux questions de déterminants sociaux de la santé.
Lieu : Centre Jacques Berque Salle de conférence 35, avenue Tarik Ibn Ziad 10020 Rabat - Maroc http://www.cjb.ma