Appel à contribution dans le cadre du prochain numéro des Cahiers d'Asie centrale sous la direction d'Alain Cariou, les propositions sont à renvoyer à l'adresse cac.eau@gmail.com.

Depuis leur lancement en 1996, les Cahiers d’Asie centrale, revue pluridisciplinaire de l’Institut français d’études sur l’Asie centrale (IFEAC), ont publié de nombreux dossiers thématiques traitant de l’histoire ancienne et récente de la région, de l’évolution sociologique des populations, de son patrimoine intellectuel, etc. Ce nouveau numéro propose d’aborder la question de l’eau, des enjeux et défis que cette ressource représente pour la région aujourd’hui.

Date limite : 30 mars 2014

L’Asie centrale est terre de contrastes et de paradoxes. Comme son nom l’indique, cette Asie se situe au cœur du continent le plus massif ce qui lui confère sa tonalité aride bien reconnaissable à l’extension des vastes étendues désertiques. En dépit de son appartenance à la grande diagonale aride, cette région n’est pas pour autant dépourvue d’eau car de puissants fleuves la traversent et fécondent des cités entourées de leurs oasis millénaires. Ce singulier paradoxe de l’abondance de l’eau au cœur de l’immensité aride tient à l’existence d’un puissant encadrement montagnard étiré du Caucase à la Chine. Les montagnes jouent le rôle de « château d’eau » pour les sociétés humaines des basses terres sèches qui convoitent la précieuse ressource.

Cette très inégale répartition géographique de l’eau pose le problème du nécessaire partage d’une ressource qui se raréfie. En effet l’accroissement démographique, l’extension des périmètres irrigués et l’essor rapide de l’industrie de l’extraction minière et des hydrocarbures entraînent une augmentation inéluctable de la demande. La concurrence sectorielle entre espaces ruraux et espaces urbains se traduit par une multiplication des tensions. Tant dans les républiques d’Asie centrale qu’en Chine (Xinjiang), les aménagements spectaculaires ont conduit à une mobilisation quasi totale de la ressource en eau de sorte que l’on ne peut guère escompter de prélèvements supplémentaires. La disparition de l’Aral et l’épuisement du fleuve Tarim nous  montrent à quel point la pression sur laressource peut conduire à une catastrophe tant pour les milieux naturels que pour les sociétés locales. 

Le spectre de la pénurie et des tensions est une injonction à la gestion durable et au partage de la ressource. Il s’agit d’un enjeu politique global, lié à la fois à la nécessaire production agricole, à la satisfaction des besoins de l’économie urbaine mais aussi, et de plus en plus, à la justice sociale, la santé, et la gestion de l’environnement. Ces différents usages de l’eau  interpellent une diversité d’acteurs, tant publics que privés, qui reconfigurent la gouvernance de l’eau (l’Etat et/ou les acteurs publics, la société locale et le marché) et contribuent à modifier les équilibres socioéconomiques et spatiaux. 

Une dépendance de plus en plus forte des hommes et des territoires à l’égard de l’eau pose un certain nombre de questions sur les acteurs, les usages, les pratiques et les territoires de l’eau : 

• Quelles sont les stratégies actuellement développées par les différents acteurs afin de mieux gérer et/ou partager la ressource ? Existe-t-il à différents niveaux d’échelle (internationale, nationale, locale) une politique de coopération pour l’eau ? 
• Qui exerce le contrôle sur la ressource en eau et qui décide des usages de l'eau et des choix (politiques, économiques) dans la distribution de la ressource disponible ?
• Comment la plus ou moins grande disponibilité (pénurie, abondance) en eau modifie-t-elle les territoires ? Quels sont les nouveaux processus d'aménagement permettant de mobiliser la ressource ou de mieux la préserver ? Quel rôle joue la politique de l'eau dans les changements socio-spatiaux ?

Les contributions pourront couvrir un large spectre disciplinaire (géographie, histoire contemporaine, économie, ethnologie, anthropologie, sociologie, science politique) et les exemples développés dans les articles pourront aborder des terrains dans le cadre d’une Asie centrale prise au sens large, soit un espace géographique s’étendant du Caucase à la Chine (Xinjiang) et du Kazakhstan à l’Afghanistan.