De la tradition à l’innovation : le réseau des Instituts français de recherche à l’étranger
Les Instituts français de recherche à l’étranger (UMIFRE), placés sous la double tutelle du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et du Centre national de la recherche scientifique, se présentent, au sein du réseau français de coopération, comme un véritable instrument de la diplomatie scientifique. Expression de la pensée et de formation scientifique françaises dans le domaine des sciences humaines, sociales et de l’archéologie, et de la vocation de la recherche française à l’international, les IFRE permettent d’apporter une expertise auprès de nos partenaires sur des enjeux sociaux et économiques dans un monde globalisé. Ciblée sur des programmes de recherche, de diffusion scientifique et de formation, leur action innovante est au cœur des problématiques liées aux enjeux du monde contemporain, à l’histoire des civilisations passées, objet de recherches archéologiques.
Ce réseau se compose aujourd’hui de 27 établissements et 7 antennes, 146 chercheurs expatriés y sont accueillis (chiffres 2015).
Un réseau lié aux défis de l’histoire
La cartographie de ce réseau montre une forte présence en Méditerranée et au Moyen-Orient. En y incluant l’Asie mineure et centrale, une dizaine de pays comptent un UMIFRE ou l’une de ses implantations (Maroc, Tunisie, Égypte, Israël, Liban, Irak, Jordanie, Turquie, Iran, Kirghizstan, Yémen). L’Asie compte cinq implantations (Chine, Japon, Thaïlande et deux instituts en Inde). L’Afrique sub-sahélienne et orientale en abrite cinq (Soudan, Éthiopie, Nigeria, Kenya, République sud-africaine). L’Europe, de l’Atlantique à l’Oural, en accueille le même nombre (Grande-Bretagne, République tchèque, Russie et deux établissements en Allemagne). Il y a enfin deux sites en Amérique latine (au Mexique et au Pérou) avec des antennes au Guatemala, en Bolivie et en Colombie.
Ce réseau a des origines anciennes. Il a su s’adapter aux problématiques du monde contemporain et se déployer géographiquement en fonction des évolutions du monde et de la diplomatie française. Les Instituts les plus anciens ont été créés dans le cadre de grandes missions archéologiques orientales comme la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA) créée en 1923, ou par la volonté d’un Ambassadeur, comme ce fut le cas avec Paul Claudel et la Maison franco-japonaise, créée en 1922. Vint ensuite le temps des Indépendances qui voit les recherches en sciences humaines et sociales s’orienter vers d’autres territoires : c’est le moment de la création de l’Institut français de Pondichéry, mais aussi de la Section française des Antiquités du Soudan (SFDAS), en 1969, et d’autres centres de recherche en Afrique et en Asie. Dans les années 1990 et 2000, se créent le Centre Marc Bloch à Berlin (en 1992, après la chute du mûr) et l’Institut de recherches sur l’Asie du sud-est contemporain, à Bangkok, en 2001, pour ne prendre que ces deux exemples.
Une activité ciblée sur quatre priorités
Les recherches des IFRE contribuent aux progrès de la connaissance dans de multiples disciplines et apportent une expertise sur des problématiques actuelles (climat, développement durable, santé, inégalités sociales, gouvernance, crises, transitions démocratiques), mais aussi historiques et archéologiques.
La diffusion scientifique et la contribution au débat d’idées : publication de travaux de recherche, qui permet l’intégration des chercheurs dans les réseaux nationaux et internationaux de la communauté scientifique ; organisation de colloques et de séminaires, qui permettent de créer des espaces de réflexion scientifique.
La mise en œuvre d’un dispositif de formation sur des thèmes prioritaires de recherche, aussi bien pour les étudiants et chercheurs français que pour ceux qui sont issus des universités et centres de recherches des pays d’accueil.
La contribution à la diplomatie d’influence française : les activités des IFRE participent au rayonnement international de la France et permettent de tisser des liens de confiance avec les sociétés civiles et les autorités des pays partenaires.
Une action de coopération innovante
L’interdisciplinarité
Le décloisonnement des sciences humaines et sociales répond aujourd’hui à la nécessité d’appréhender les enjeux d’un monde au sein duquel chaque défi exige une approche globale et interdisciplinaire. Les sciences sociales croisent même déjà les sciences dures dans certains UMIFRE. A titre d’exemple, l’Institut français de Pondichéry comprend trois départements (indologie, sciences sociales et écologie) qui développent des programmes de recherche interdisciplinaire sur le climat et la gestion de l’eau.
Les publications en ligne à l’échelle régionale et internationale
Les UMIFRE développent une politique de publications en ligne afin de constituer une mise en réseau de la connaissance immédiatement accessible. Parmi d'autres exemples, l’Institut français d’études andines (IFEA Lima), outre ses publications papier, connaît en matière de publication électronique une diffusion considérable grâce au portail « OpenEditions Books » du CNRS, à la fois pour les ventes et pour les consultations (en 2014, plus d’un million de pages ont été lues).
Une intégration progressive des partenaires européens
Les Instituts français de recherche situés en Europe renforcent leur intégration dans le tissu scientifique et universitaire des pays qui les accueillent. Ainsi, le Centre Marc Bloch de Berlin a créé une association de droit allemand qui fait de cet établissement une structure désormais binationale. Le Centre français de recherche en sciences sociales de Prague (CEFRES) a pour sa part signé en novembre 2014 une convention de coopération avec l’Université Charles de Prague et l’Académie des sciences de la République tchèque.