Collège des Ecoles Doctorales, Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne
Centre International d'Etude de la Philosophie Française Contemporaine
Office franco-allemand pour la Jeunesse
Groupe de Recherche sur la Culture de Weimar
Centre Marc Bloch
Responsabilité scientifique : Jean-François Braunstein (Université Paris I – Panthéon-Sorbonne)
Lieu : Paris
Présentation
Si les échanges intellectuels entre l'Allemagne et la France jouèrent un rôle décisif dans l'histoire de la philosophie et des sciences humaines, l'évolution de la recherche accuse aujourd'hui un moindre intérêt pour les perspectives développées outre-Rhin. L'objectif de cette journée d'études consistera à contredire cette tendance en ouvrant pour la première fois un débat franco-allemand sur l'histoire et l'actualité de la philosophie de la vie et de l'anthropologie.
Au cours du XXe siècle, la thématique de la vie devint l'objet d'un intérêt croissant dans les philosophies françaises et allemandes. Elle eut pour conséquence une conceptualisation de l'homme en tant qu'être vivant à partir d'une perspective double. Alors que, d'une part, le darwinisme représentait pour la philosophie le défi de saisir l'homme comme une figure immanente de l'organique, il s'agissait, d'autre part, de saisir le caractère profondément irréductible de la vie sous sa forme humaine. En ce sens, le rapport entre le concept de vie et la singularité de l'homme fut pensé à la fois en termes de continuité et de rupture au sein du vivant. L'idée directrice de cette journée d'études intitulée "Le connaissance de la vie et la question de l'homme" consistera précisément à confronter ces deux généalogies françaises et allemandes; deux généalogies à la fois discordantes mais néanmoins animées d'une même problématique.
En Allemagne, cette tradition est avant tout celle de l'Anthropologie philosophique issue des années 20 (M. Scheler, H. Plessner, F. Buytendijk, A. Portmann ...) qui s'efforça de penser, à partir d'une philosophie biologique, la césure anthropologique dans la logique du vivant. Longtemps demeurée dans l'ombre de la phénoménologie et de l'ontologie fondamentale, elle connaît de nos jours un renouveau tardif mais substantiel dans des domaines aussi divers que la philosophie, la science politique, la sociologie mais également la psychologie, les neurosciences et l'éthologie.
Si l'on constate une même importance accordée à la question de la vie dans la philosophie française du XXe siècle, celle-ci, pour autant, s'oppose ou du moins se démarque de tout projet anthropologique (H. Bergson, J.-P. Sartre, G. Canguilhem, M. Merleau-Ponty, M. Foucault...). Ces réticences, ce refus de penser la nature humaine de façon frontale était en grande partie motivé par la défense du caractère intrinsèquement irréductible de l'homme contre toute hypothétique détermination de sa nature. Malgré cette opposition affichée, il n'en reste pas moins que la question de l'homme a animé, certes par des biais mais pourtant in extenso, cette philosophie durant le dernier siècle.
Cette journée d'études, à la fois pluridisciplinaire et internationale, s'efforcera donc de confronter l'histoire et l'actualité de ces deux tentatives de penser, d'articuler ou de dissocier "la connaissance de la vie et la question de l'homme" afin de les éclairer sous un jour nouveau et d'en démontrer la possible complémentarité.