Comment le faux opère-t-il dans la collection ? De nombreux travaux ont montré l'intimité qui s'est établie entre la forgerie et la critique : procédures d'authentification et fabrications de faux s'informent ainsi réciproquement dans une collaboration, fût-elle involontaire, entre les faussaires et les « authentificateurs ». La fabrique du faux s'appuie également sur les critères d'authenticité élaborés par les collectionneurs, et plus encore, sur ce que Bessy et Chateauraynaud ont appelé « l'effet de collection ». Ces derniers soulignent ainsi à propos des collections d'art comment « les faussaires imaginent les manques, créent des variantes, produisent des périodes, des thèmes, des paysages ou des portraits qui n'ont jamais été peints par l'artiste original : ils retournent la collection contre elle-même en la faisant douter de sa complétude ». En somme, le faux révèle ainsi à rebours les modalités opératoires du geste collectionneur : éclectisme, désir de complétude et mise en série relevant de l'arbitraire du collectionneur fondent aussi bien la collection que la possibilité de sa contrefaçon.