Conférence de Thomas Lienhard dans le cadre de la série "Deutschland von außen gesehen" organisée par la Wirtschaftspolitische Gesellschaft von 1947 E.V.
Depuis une décennie, la notion de soft power semble s'être imposée chez les grands de ce monde : dans cette optique, le principal enjeu international aujourd'hui ne se trouve plus dans la conquête des terres, de l'eau ou du pétrole, mais dans la possession de la culture et de l'information. Toutefois, les formes d'investissement des États européens en ce domaine restent très variables, et en particulier entre la France et l'Allemagne, es écarts restent considérables. À Francfort même, un indice ténu mais remarqué témoigne de ces évolutions et de cette dissymétrie : il s'agit de la création de l'Institut français d'histoire en Allemagne sous l'autorité du Ministère des Affaires Étrangères français. Thomas Lienhard, directeur de ce centre, est donc particulièrement bien placé pour présenter, de manière comparée, les politiques françaises et allemandes en matière de culture. Dans ces deux pays, le rôle et les conceptions de la culture divergent. Culture n'est pas Kultur, et intellectuel n'est pas Intellektuell ! De ce fait, la réception culturelle auprès du grand public, mais aussi l'intervention du pouvoir politique sur la culture, est très inégale de part et d'autre du Rhin. Dans ce domaine comme en bien d'autres, la France se tourne vers l'Etat alors qu'en Allemagne, les financements privés jouent un rôle déterminant notamment pour l'évolution des universités. Par ailleurs, l'écart entre ces deux pays en matière de politique culturelle se manifeste également sur le plan diplomatique : la France promeut activement la francophonie, exporte ses musées et ses Universités, entretient un réseau actif de quelque 170 instituts culturels dans le monde. Tels sont quelques-uns des carambolages franco-allemands en matière de culture que l'on expliquera ce soir-là.