Deux conférences présentées en français, avec traduction en arabe, par Stéphanie Latte Abdallah, Historienne et politologue, chercheure à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (IREMAM) à Aix-en-Provence, Stéphanie Latte Abdallah s'est d'abord spécialisée sur la question des réfugiés palestiniens, du genre, de l'engagement et des féminismes au Proche-Orient. Elle travaille actuellement sur le lien entre images et politique dans le conflit israélo-palestinien et sur l'incarcération des Palestiniens pour des motifs politiques depuis 1967.
« Le féminisme et l'islam aujourd'hui »
Mardi 9 mars 2010 à 10h00 au Centre d'études et de recherche sur le genre et le développement de l'Université de Sanaa
Le féminisme s'inscrivant dans l'islam apparaît simultanément en plusieurs lieux du globe dans les milieux intellectuels et universitaires des années 1990. Cette conférence aborde le phénomène de ce féminisme 2O ans après l'apparition d'un concept, forgé à partir de la situation iranienne, et immédiatement mondialisé. Ce courant a revendiqué un droit à l'interprétation (ijtihad) susceptible de promouvoir l'égalité des sexes, des rôles nouveaux dans les rituels et les pratiques religieuses, des changements dans les domaines du droit familial, du droit pénal, et des pratiques juridiques et politiques. Il s'agit de revenir sur ses enjeux, son évolution et les perspectives qu'ouvre aujourd'hui la notion de ce féminisme inscrit dans l'islam : d'un discours tout d'abord savant et universitaire à des mouvements sociaux ; de sa formulation dans des espaces de l'islam minoritaire ou périphérique à sa reprise ou son invention, mais en d'autres termes, dans les pays arabes.
« Vers un féminisme politique hors-frontières au Proche-Orient : regard sur les mobilisations en Jordanie (années 1950-années 2000) »
Mardi 9 mars 2010 à 19h00 au CEFAS
Cette conférence a pour objet l'histoire du féminisme jordano-palestinien depuis les années 1950, entendue comme un cas d'étude exemplaire des recompositions des organisations féminines au Proche-Orient. Un féminisme qui depuis les années 1980 a subverti les frontières partisanes, s'est émancipé du nationalisme avant de s'approprier puis de redéfinir les nationalismes, palestinien puis jordanien, au sein desquels il s'est forgé des années 1950 aux années 1980. Il s'est aussi démocratisé en s'ouvrant aux classes moyennes et populaires. Ainsi, contrairement à l'idée d'un renforcement du conservatisme social dans la région dans les années 1980, qui voient l'émergence de l'Islam politique dans la sphère publique régionale, c'est à partir de cette période que commencent à se formuler des revendications plus radicalement féministes. Des revendications qui s'ancrent sur l'émergence de nouvelles actrices militantes, séculières et islamiques, et sur les liens qu'elles tissent. Des actrices qui sont le plus souvent issues de groupes sociaux ayant moins eu accès à la représentation sociale et politique. Ce féminisme politique hors-frontières peut être qualifié de post-partisan, post-nationaliste et post-islamique. Il s'emploie à contester les violences et les situations de minorités sociales et politique, à travers la notion large de discrimination (tout à la fois sexuelle, sociale et politique), replaçant au cœur du politique une question démocratique élargie, de la sphère intime et privée à la place des groupes sociaux et nationaux dans un champ régional et mondial.