Lieu : Ecole normale supérieure - Paris, rue d'Ulm
Colloque organisé dans le cadre de l'année de la Turquie en France
En colloboration avec le Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CNRS - EHESS), L'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm, l'Institut français d'études anatoliennes, l'Institut national des langues et civilisations orientales.
La trajectoire du turcologue Jean Deny (1879-1963) offre un cadre de réflexion intéressant pour aborder les relations culturelles et scientifiques entre la Turquie et la France au XXe siècle. Après avoir servi comme drogman, puis comme vice-consul, à Beyrouth, Jérusalem, Tripoli de Syrie et Marache (1904-1908), où il assiste à la révolution jeune turque, Jean Deny est appelé, à Paris, pour prendre la succession de Casimir Barbier de Meynard à la chaire de turc de l'Ecole Spéciale des Langues Orientales Vivantes. Tout au long de son professorat (1908-1949), il est le témoin des changements qui affectent la Tur-quie ottomane, puis républicaine, où il retourne régulièrement : en tant que militaire pendant la Première Guerre mondiale (aux Dardanelles en 1915, puis comme officier interprète, avec le corps d'occupation français à Constantinople) ; en tant que linguiste, souvent invité par les universitaires turcs, jusqu'à la fin de sa carrière. Auteur en 1921 d'une Grammaire de la langue turque. Dialecte osmanli, qui assoit sa réputation de philolo-gue, il joue un rôle essentiel dans l'autonomisation disciplinaire et institutionnelle de la turcologie française. Au cours de sa longue carrière, il forme de nombreux savants, tels Edmond Saussey, Ro-ger Lescot, Maxime Rodinson, Claude Cahen, Irè-ne Mélikoff, Louis Bazin, Robert Mantran, Marcel Colombe, Jean-Paul Roux, Bernard Lewis.
Homme de la Troisième République, administrateur de l'Ecole des Langues orientales entre 1938 et 1949, Jean Deny est un pivot de l'orientalisme français, tant dans ses aspects diplomatiques, colo-niaux, militaires que dans l'ordre de l'érudition.