"L'histoire "par le haut" : de l'intérêt sociologique des récits, témoignages et entretiens auprès des personnalités"
Conférence de Vincent Geisser, première intervention du séminaire intitulé "Perspectives et territoires de la recherche au Proche-Orient".
Damas, Ifpo, Abou Roumaneh
Après la Seconde guerre mondiale, le recours aux témoignages de personnalités politiques et intellectuelles s'est imposé comme un « genre » dominant dans les sciences sociales (héritage du courant de l'Oral History). Depuis quelques années, il fait l'objet de nombreuses critiques. Outre le caractère élitiste d'une telle démarche (interroger les « grands » en ignorant délibérément les « anonymes » de l'histoire), certains auteurs ont souligné les risques de fétichisation du registre oral au détriment de l'écrit, favorisant une dérive subjectiviste, voire psychologiste, des sciences humaines et sociales. Dans le cadre de cette séance du séminaire de l'Ifpo, nous n'avons pas l'intention de rentrer dans cette « querelle d'historiens » qui dépasse d'ailleurs notre objet. Notre propos se veut plus modeste, conditionné, en grande partie, par les contraintes inhérentes au contexte sociopolitique des pays arabes. En quoi ces « archives provoquées », faisant moins appel à la spontanéité des témoignages des « grands acteurs » qu'à une mise en scène discursive de « leur » histoire constituent-elles des sources pertinentes et fiables pour la recherche sur le monde arabe ?