Autour du centenaire de la naissance du sinologue Takeuchi Yoshimi

Avec

Christine LÉVY (MFJ, Université de Bordeaux)

« Takeuchi Yoshimi et la vision romantique de la modernité asiatique »

Takeuchi Yoshimi fut le premier à vouloir détacher l'asiatisme de l'idéologie brandie par « La sphère de coprospérité de la Grande Asie », en particulier en affirmant que le plus petit dénominateur commun aux divers asiatismes fut l'idée de solidarité, fût-elle imposée par la violence. Tarui Tōkichi, le plus sincère des asiatistes, est à l'origine de ce projet à ses yeux. Nous examinerons ici la vision qu'il propose de Tarui Tōkichi, en examinant de près le texte Daitō Gappōron 大東合邦論 (Essai sur l'Union du Grand Orient), publié en 1893.

Viren MURTHY (Université d'Ottawa)

« Takeuchi Yoshimi et la problématique d'une autre-modernité »

Takeuchi Yoshimi, dans son livre sur Lu Xun publié en 1943, propose une interprétation originale à l'époque, voyant en Lu Xun une force de « résistance » à la modernité occidentale et, après la guerre, il considérait que le Parti communiste chinois dirigé par Mao Zedong  représentait une autre modernité. Je vais interroger cette idée d'une autre modernité et analyser comment celle-ci a influencé des sinologues japonais comme Nishi Junzō, ainsi que des intellectuels de la « nouvelle Gauche » en Chine tels que Wang Hui depuis les années 1990.

Sebastian VEG (Chercheur JSPS, université de Tokyo)

« Lu Xun, lu par Takeuchi Yoshimi : de la critique au dépassement de la modernité »

Lu Xun (1881-1936) est au centre du dispositif intellectuel développé par Takeuchi Yoshimi pour remettre en cause la « modernité », en particulier celle du Japon de la première moitié du siècle. Pourtant, Lu Xun n'évoque que rarement la « modernité » qu'il s'agisse de l'occidentalisation de la culture, du capitalisme ou de l'industrie, consacrant la plupart de ses récits à des personnages simples vivant dans des villages encore peu touchés par le monde moderne. C'est certes parce que le questionnement littéraire de Lu Xun est décalé par rapport à la dualité tradition/modernité que Takeuchi s'intéresse à lui. Lu Xun cherche-t-il pour autant à « dépasser » la modernité ? On s'interrogera sur l'usage que fait Takeuchi de cet esprit hétérodoxe dans le contexte de la Conférence de 1942 sur le « dépassement de la modernité ».