Colloque organisé par le Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Ouest Saharien (CEROS) et le Centre Jacques Berque (Rabat).
Nouakchott, Centre International des Conférences (Palais des Congrès)
Le colloque organisé conjointement par le Centre Jacques Berque (Rabat) et le Centre d'Etude et de Recherche sur l'Ouest Saharien (CEROS, Nouakchott) vise principalement les objectifs suivants : • Rendre hommage à trois pionniers majeurs, aujourd'hui décédés, de la recherche sur la Mauritanie : Mokhtar Ould Hamidoun, Théodore Monod et Ba Oumar. • Esquisser un bilan des recherches effectuées sur la Mauritanie en matière de sciences humaines au cours des cinquante dernières années en faisant appel aux auteurs — mauritaniens et étrangers — des contributions les plus significatives dans ce domaine. • Permettre aux jeunes chercheurs, mauritaniens ou étrangers intéressés par la Mauritanie, de présenter leurs recherches et leurs projets de recherche dans le champ des thématiques retenues.
Présentation
La Mauritanie s'apprête, à l'instar de bon nombre de pays africains de la région, à célébrer le cinquantenaire de son indépendance, intervenue le 28 novembre 1960. Cet évènement, qui donnera certainement lieu à une multiplicité de manifestations, fournit aussi l'occasion d'une réflexion collective sur l'état des connaissances accumulées en cinquante ans sur ce pays dans le champ des sciences humaines, sur les lacunes que ces connaissances font apparaître et sur les questions qu'elles soulèvent ou qu'elles laissent en suspens.
Le colloque envisagé fera une large place à l'histoire, à l'anthropologie, à la sociologie, à la géographie, à l’économie, au droit, aux études linguistiques et littéraires et aux travaux sur le patrimoine manuscrit mauritanien, car ce sont là les principaux domaines dans lesquels une moisson de quelque importance peut être attendue.
La dimension internationale donnée à cette manifestation devrait assurer à ses travaux une qualité scientifique et un retentissement qui vont bien au-delà de la Mauritanie. La conférence se déroulera en trois langues (arabe, français, anglais) et accueillera, en sus des participants mauritaniens, des chercheurs français, américains, anglais, allemands, espagnols, etc.
Thèmes du colloque
Le colloque sera organisé, plutôt que par discipline, sur la base d’Ateliers thématiques dont la liste ci-dessous dessine une esquisse. Chaque atelier comportera une conférence principale de 30 mn, suivi d’interventions de 10 mn chacune.
Atelier 1. Tribus, qsûr et villages. Outre un bilan des travaux sur les structures locales « traditionnelles » et leur évolution, cet atelier aurait à traiter des transformations des milieux et des systèmes de production. Bénéficiant d’approches historiques et anthropologiques parfois conjuguées, les travaux sur les formations politiques « traditionnelles » se sont développées durant les dernières décennies après avoir connu un premier essor relatif durant la période coloniale.
Atelier 2. Géographie, anthropologie et sociologie urbaines. Les recherches en la matière sont récentes et restent encore limitées. Elles ont d’abord plutôt concerné les phénomènes d’habitat spontané, avant de s’orienter vers les nouvelles couches sociales issues de l’immigration et leurs caractéristiques culturelles, ainsi que sur des travaux de géographie urbaine et d’urbanisme.
Atelier 3. La Mauritanie à l’heure de la mondialisation : de nouveaux mouvements de population se déroulent dans le cadre de réseaux internationaux impliquant aussi biens et modèles culturels, activités légales et trafics illégaux, mobilisation tribale ou ethnique et développement de nouvelles catégories sociales. Une place à part sera occupée par l’étude des migrations internationales de travail Sud-Nord dont la Mauritanie est un des axes africains.
Atelier 4. Genre et hiérarchies sociales. Une attention particulière, compte tenu des travaux réalisés sur ce thème pourrait être accordée aux évolutions des hiérarchies dont les fondements sociaux et symboliques s’inscrivent dans ces sociétés tribales et villageoises : rapports de genre, esclavage, etc.
Atelier 5. L’Islam et ses formes d’expression en Mauritanie. Les normes et rituels de l’islam sunnite malékite sont à considérer à la fois dans leur production intellectuelle historique (fatwa et autres interventions des fuqahâ et culamâ et dans leurs transformations contemporaines dans le domaine du droit (code de la famille et du statut personnel, finances islamiques). Les confréries (turuq) ont également suscité de nombreuses recherches. D’autre part, l’urbanisation et la globalisation ont favorisé le développement de nouvelles formes d’expression religieuse dont le salafisme intégriste ne représente qu’une manifestation particulière.
Atelier 6. Système éducatif et question(s) linguistique(s). Trois points devraient dans tous les cas retenir l’attention : le pluralisme historique dans sa dimension historique et contemporaine incluant les inventaires et analyses lexicales, la question des langues nationales et l’aspect linguistique de l’évolution des systèmes éducatifs.
Atelier 7. Culture et patrimoine. L’héritage manuscrit mauritanien a fait l’objet de divers travaux allant de tentatives plus ou moins exhaustives de catalogage à l’exploration de corpus particuliers comme celui des fatâwâ ou de certaines archives familiales. Une part essentielle de la culture des diverses composantes de la société mauritanienne s’est transmise au fil des générations sur le mode oral ( « traditions », poésie, musique,...).
Atelier 8. Sources et écritures de l’histoire. De l’archéologie à l’histoire contemporaine, les recherches historiques ont connu un développement conséquent depuis l’indépendance grâce à l’approfondissement des sources (fouilles archéologiques, inventaire des manuscrits, exploitation des archives, etc.) s’accompagnant de nouvelles « écritures » qui correspondent autant à de nouvelles approches historiographiques qu’à la patrimonialisation de cette histoire dans un nouveau cadre national.
Atelier 9. Les lieux du politique. La formation de l’Etat, colonial puis indépendant, a profondément déplacé les lieux du politique malgré la permanence d’effets historiques (tribalisme, régionalisme et « ethnicisme », par exemple) et entraîné d’autres approches du politique. Les particularités de la situation mauritanienne doivent être appréciées en fonction des traits qu’elle partage avec d’autres pays du Sud. Aux difficultés d’ordre structurel de fonctionnement de l’Etat s’ajoutent celles qui accompagnent la constitution de l’Etat-nation en fonction de l’héritage du passé et des effets de la colonisation.
Programme colloque
Samedi 27 novembre 2010
08h-9h : Accueil des participants
09h-11h : Cérémonie d’ouverture officielle
11h30-12h : Conférence de Madame Mariem Daddah (Moctar Ould Daddah : Pour une mémoire d’avenir),
12h-12h30 : Conférence de Mr Woodson, Anthropologue, Université d’Arizona (USA).