"La justice dans la société ottomane : institutions, acteurs et pratiques"
Organisateurs : Isik TAMDOGAN et Juliette DUMAS
Juliette Dumas (EHESS / IFEA)
La justice dans la société ottomane était pratiquée au sein d'une configuration complexe, faite de l'interaction de différentes institutions, références judiciaires (chéria, kanun, coutumes) ou acteurs et donnait lieu à une multiplicité de pratiques différentes. Les personnes qui étaient en désaccord, voire impliquées dans un conflit, disposaient de plusieurs voies alternatives pour résoudre leur différend. A l'échelle de l'Empire il y avait les tribunaux des cadis auxquels les sujets (musulmans ou non) pouvaient s'adresser mais ceux-ci ne représentaient pas la seule institution ou instance distribuant les droits ou sanctions parmi les sujets. Il y avait par ailleurs le divan impérial ou bien les autorités des différentes communautés religieuses ou professionnelles, auquel les personnes pouvaient faire appel en cas de conflit. Et le pouvoir judiciaire ou exécutif des uns (tel les cadis) pouvait être corrigé, complété ou bien contre balancé par celui des autres (tel les vali, le şeyhülislam ou les muftis).
L'objectif de ce séminaire est de contribuer à une meilleure compréhension de l'interaction de ces différentes institutions et acteurs lors des processus de réconciliation entre individus ou bien au cours de l'établissement de la justice en générale. A travers l'intervention d'historiens travaillant sur différents aspects du fonctionnement de la justice au sein de la société ottomane, nous souhaitons avoir de nouveaux éclairages sur le déroulement des pratiques relatives au procédures juridiques, punitives ou bien réconciliatrices. L'interaction entre les tribunaux des cadis et les divans des gouverneurs ou bien du divan impérial nous intéressera particulièrement à cet égard mais aussi la place faite aux opinions des juristes (tel les muftis), tout au long des processus de la réconciliation. Les pratiques judiciaires qui étaient opératoires hors des institutions feront également partie de notre discussion. Qu'il s'agisse des pratiques punitives (kan davası) ou bien réconciliatrices (telle la pratique du sulh), c'est encore une fois l'interaction entre ces différentes sphères de justice, qu'ils soient « informelles » ou bien plus institutionnalisées qui retiendra notre attention.