Centre français de recherche en sciences sociales Štěpánská 35, Prague 1, 5e étage
Programme
10h00 : Avant-propos : Françoise MAYER, directrice du CEFRES
10h10 : Un bilan de l'institutionnalisation des recherches et de l'enseignement universitaire sur le genre au sein des sciences sociales en France (1981-2011)
Lorsqu'en 1982, l'anthropologue Maurice Godelier, nommé un an plus tôt directeur de la section des Sciences Humaines et Sociales au Centre National de la Recherche Scientifique, propose un financement d'un million de francs pour les recherches sur les femmes, la France ne compte qu'un seul centre d'étude sur les femmes et le genre, fondé à l'Université de Vincennes en 1974. Cette décision permet la tenue la même année d'un premier congrès de la recherche féministe à Toulouse. L'environnement paraît alors propice compte tenu des ponts nombreux jeté par l'approche structuraliste entre anthropologie et linguistique, où l'intérêt pour les propriétés performatives du langage et son rôle dans la fabrique des catégories et des rôles sociaux avaient ouvert des voies prometteuses à la prise en compte du genre comme construit social. En histoire, l'évolution des travaux de Georges Duby dès le début des années 1980 et la démarche originale de Michelle Perrot couronnée par la publication en 1990 du premier tome de l'Histoire des femmes en Occident, semblent également amorcer l'intérêt de la discipline. Pourtant, celle-ci va demeurer largement fermée à l'institutionnalisation de la recherche sur le genre, tandis qu'en sciences sociales, les premières équipes de recherche ne sont habilitées comme laboratoires, groupements de recherches ou équipes d'accueil doctoral que dans la seconde moitié des années 1990. C'est également à cette époque que les travaux sur la parité politique renouvellent les objets de ce champ d'étude en y intégrant le militantisme, l'accès au mandat voire le travail législatif. De la science politique, s'étend aussi l'intérêt pour le caractère « genré » des politiques publiques, qui suscite un nombre croissant de travaux au cours de l'année 2000. Pourtant, comme le montrera cette présentation, les recherches sur le genre se caractérisent par leur faible institutionnalisation, au regard de leur rapide développement dans la majeure partie des pays de l'UE. On reviendra néanmoins sur l'ouverture internationale très forte de ces travaux et sur l'accélération récente de ce processus d'institutionnalisation.
Maxime Forest est docteur de Sciences Po Paris, chercheur associé à l'Université Complutense de Madrid et chargé de cours à Paris III. De 2008 à 2011, il a conduit ses recherches au sein du Projet QUING (Quality in Gender+ Equality Policies in Europe), financé sur le 6e PCRD de l'UE. Spécialisé sur la dimension de genre des transformations politiques en Europe centrale et l'analyse comparée des politiques d'égalité femmes-hommes en Europe, ses intérêts de recherche le portent actuellement vers l'européanisation des politiques d'égalité et de lutte contre les discriminations. Auteur d'une douzaine de rapports de recherche pour la Commission européenne et L'Institut européen de l'égalité de genre (EIGE), il est également conseiller auprès de la Mission Parité et Diversité du Ministère de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur. Dernier ouvrage paru : Avec Emanuela Lombardo (dir) : The Europeanization of Gender Equality Policies. A Discursive-Sociological Approach. Basingtoke: Palgrave MacMillan, 2011.
11h10 : L'enseignement et les recherches sur le genre à Sciences Po et le regain d'intérêt en France pour les travaux sur les inégalités structurelles entre hommes et femmes
La France connaît actuellement un regain d'intérêt pour la recherche et l'enseignement des « théories du genre » et l'analyse des inégalités entre les femmes et les hommes. Ce regain ne va pas sans polémiques de diverses natures, qui portent en particulier sur le statut de ces théories et de l'analyse des inégalités de genre auprès de l'opinion et des décideurs politiques, et plus spécifiquement sur leur enseignement dans le secondaire. Dans ce contexte, Sciences Po a ouvert en mai 2010, un Programme de Recherche et d'Enseignement des SAvoirs sur le GEnre, PRESAGE. Il insère une réflexion sur le genre dans l'ensemble des activités de l'institution : enseignement, recherche, formation continue. Cette présentation abordera les aspects les plus novateurs de cette démarche : approche pluridisciplinaire, projet intellectuel qui rassemble l'ensemble des recherches sur les rapports sociaux de sexes, ouverture à l'international. Les programmes d'enseignement ont notamment pour objectif de former l'ensemble des étudiants-es de Sciences Po à la pensée sur le genre, de montrer comment les sciences sociales s'emparent et conceptualisent cette problématique. A ce titre, cette présentation permettra de revenir sur les polémiques en cours, à travers une réflexion sur la contribution de PRESAGE à l'institutionnalisation de la recherche et de l'enseignement sur le genre en France.
Françoise Milewski est économiste à l'OFCE, le Centre de recherche en économie de Sciences Po, et cocoordinatrice de PRESAGE, Programme de Recherche et d'Enseignement des SAvoirs sur le Genre. Son domaine de recherche actuel concerne les inégalités entre les femmes et les hommes sur le marché du travail, en France et en comparaison internationale. Elle est membre de l'Observatoire de la parité entre les femme et les hommes et du Conseil supérieur de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Elle fut chargée d'une mission ministérielle sur la précarité des femmes en 2005, et rapporteure générale du Comité de pilotage pour l'égal accès des femmes et des hommes aux emplois supérieurs des fonctions publiques de 2000 à 2005.
Dernier ouvrage paru : Les discriminations entre les femmes et les hommes (dir., avec Hélène Périvier), Presses de Sciences Po, mars 2011.
12h00 : conclusion
Entrée libre dans la limite des places disponibles. Présentations prononcées français.
Discussion ouverte en tchèque, français et anglais.
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13h30-15h15 : Séminaire de recherche animé par Françoise Milewski, Hana Havelkova (FHS-UK) (sous réserve), Maxime Forest
Séminaire ouvert aux doctorants et post-doctorants en sciences humaines et sociales intéressés aux thématiques du genre, sur inscription auprès de Maxime Forest (mforest@cps.ucm.es). Les discussions se dérouleront en anglais.
