Atelier méthodologique du séminaire doctorant. Anthropologie : état des outils et des terrains. Animé par K. Dirèche et F. Samson Ndaw
«Atelier méthodologique du séminaire doctorants. Anthropologie : état des outils et des terrains »
Avec:
Karima Dirèche, Historienne, chargée de recherche CNRS/Centre Jacques Berque; spécialiste en Histoire coloniale et postcoloniale de l'Algérie, elle travaille actuellement sur les conversions au néo-évangélisme dans l'Algérie et le Maroc d'aujourd'hui. Et Fabienne Samson Ndaw , Anthropologue, Chargée de recherche IRD, Directrice adjointe du Centre d'études africaines (CEAf) à l'EHESS (Paris); elle a mené plusieurs études sur les nouveaux mouvements religieux ouest-africains et transnationaux, chrétiens et musulmans.
Cette séance spéciale des « Ateliers Méthodologiques » propose aux doctorants et aux jeunes chercheurs un aperçu des outils, objets, terrains et questionnements actuels de l'anthropologie religieuse. Les débats seront introduits dans les axes présentés çi-dessous, par les deux chercheures invitées.
De l'histoire à l'anthropologie religieuse : quels détours méthodologiques? (Karima Dirèche)
Nous nous interrogerons sur les modes d'action et les pratiques méthodologiques sur le terrain de la conversion religieuse en Algérie et au Maroc. Elle s'interrogera également sur les modalités d'approche et les hypothèses de travail concernant le phénomène de la conversion quand il devient objet de polémique politique et objet de contestation sociale.
La séance s'articulera autour de deux questions: - Du fait divers au phénomène de société : Quelles interrogations? Quels acteurs ? Quel "terrain" ? - Du fait historique au phénomène géo-politique : quelles interprétations ?
Réflexivité et méthodologie de l'ethnographie religieuse (Fabienne Samson Ndaw)
Mon objectif sera de poser des questions méthodologiques, de montrer comment se construit une recherche et comment évoluent les questions de terrain. La démarche de réflexivité permet au chercheur de mener une analyse sur son propre travail, de réaliser une prise de conscience et un examen approfondi de sa propre démarche scientifique. Cette analyse réflexive doit être menée pour dépasser le simple cadre empirique et produire un renouvellement de connaissance. Elle est particulièrement pertinente pour tout terrain ethnographique portant sur le religieux, cet objet d'étude étant particulier. En effet, travailler sur des faits religieux n'est pas anodin dans le champ de l'anthropologie : le religieux englobe évidemment la croyance, le rapport à l'au-delà, les forces mystiques, mais également une certaine conception du monde, du rapport entre les hommes et l'organisation des sociétés. Le chercheur est peut-être plus que dans tout autre domaine de recherche touché à titre personnel par son terrain d'étude, et impliqué, parfois de force, dans celui-ci.
Ma présentation questionnera la particularité des terrains ethnographiques sur le religieux. Elle sera articulée autour de trois grands axes
la difficulté d'enquête dans des mouvements totalement fermés, et l'attitude du chercheur lorsqu'il est rejeté par ce type de groupe : quelle déontologie adopter ?
la difficulté lorsqu'existe un malentendu entre le chercheur et ses interlocuteurs
l'attitude du chercheur face à des groupes très prosélytes qui voient en lui un moyen de publicité, ou qui refusent, au contraire, ses écrits.
Comment restituer son travail ? A travers des exemples concrets, j'expliquerai les problématiques que ces types de mouvements posent aux chercheurs et les défis méthodologiques qu'ils entraînent.