Formation, Qualification, Métiers : Comment améliorer l’information sur les besoins du marché de l’emploi ?
Organisation : Institut Français du Proche-Orient / Université Libanaise Date : 21-22 Mai 2012 Lieu : Rectorat de l'Université Libanaise
L'objectif de cette table-ronde sera de faire un premier état des lieux de la façon dont est affrontée cette question de l'ajustement des formations aux nouveaux besoins du marché de l'emploi au Liban, et dans la mesure du possible, en Syrie et en Égypte. L'expérience française et celle d'un (ou plusieurs) pays du Maghreb, pourront apporter des pistes de réflexions dans la perspective de la mise sur pied d'un observatoire libanais, et/ou régional, des métiers et du marché du travail.
Argumentaire
En Égypte, comme au Liban, dans des contextes qui ont peu en commun, nombreux sont les diplômés qui ont du mal à s'insérer professionnellement, tandis que les formations universitaires semblent souvent inadaptées à la demande du marché (Issa).
Au Liban, où le paysage universitaire est partagé entre une université publique qui aujourd'hui compte encore pour plus de la moitié des effectifs universitaires, et une multiplicité d'établissements privés, des plus prestigieux (AUB, USJ) aux plus commerciaux, les établissements d'enseignement supérieur, dans leur diversité, s'efforcent de répondre en multipliant les formations spécialisées professionnalisantes. En Égypte, c'est en dehors et à côté d'un système universitaire encore largement dominé par les universités publiques, que s'élabore en tâtonnant une offre de formation très ciblée qui apparaît comme complémentaire des formations hyper généralistes offertes par ces dernières.
À l'heure où le chômage est devenu la préoccupation première des nouvelles générations de diplômés arrivant sur le marché, on ne peut certes attribuer aux seules insuffisances de la formation, encore moins au déficit d'information, les causes des problèmes rencontrés. Ceux-ci sont à la fois plus profonds et plus complexes, et renvoient à un contexte économique qui dépasse les frontières nationales. On ne peut pourtant se dispenser d'interroger les politiques publiques de l'emploi et de la formation professionnelle, sans doute trop peu préoccupées de jouer le rôle qui devrait être le leur. C'est enfin aussi l'histoire des systèmes productifs et des systèmes de formation, et de la façon dont s'est construite (ou non) la relation entre les deux, qui est en jeu.
L'étude d'autres expériences nationales révèle la diversité des politiques et des modèles. Au Maghreb, la confrontation des expériences tunisienne, algérienne, marocaine, révèle une implication très différente des institutions d'enseignement secondaire et supérieur dans la formation professionnelle, et des politiques de réformes caractérisées par une diversité d'approches, privilégiant inégalement préoccupations d'employabilité, de compétence, ou de démarche qualité. Une difficulté importante de la mise en œuvre d'une réforme de la formation réside dans le poids du secteur dit « informel », des établissements de caractère artisanal, ou la formation se fait le plus souvent par l'expérience, dans une relation personnalisée entre employé et employeur (Catusse, Destremau, Verdier, 2010).
En Europe, les systèmes de formation professionnelle relèvent de même de traditions nationales propres, où le lien entre structures de formation et entreprise, le poids de l'apprentissage ou du diplôme, la relation entre qualification et statut du travailleur, le rôle des politiques publiques, sont variables, tandis que la construction européenne impose un effort d'homogénéisation dont la mise en œuvre est d'autant plus difficile (Verdier, 2008). En France, les universités se sont engagées depuis déjà près de vingt ans dans un processus de professionnalisation de l'enseignement supérieur (Maillard, Veneau 2006). Les nouveaux diplômes accordent une place grandissante aux stages en entreprise et à un resserrement des relations entre monde du travail et monde éducatif, tandis que l'élévation du niveau moyen de formation transforme la relation entre diplôme et qualification (Fournié, Guitton, 2008). Sur un autre plan, la transformation des activités, l'émergence et la multiplication de nouvelles spécialisations, imposent une redéfinition permanente des métiers (Cadet 2006, Cadet Mahlaoui, 2011).
Références bibliographiques
• Cadet Jean-Paul 2006, « Ces objets sociaux que sont les répertoires des métiers », Bref du Céreq, 236, décembre 2006. [En ligne] http://goo.gl/MOvjh • Cadet Jean-Paul, Mahlaoui Samira 2011, « Quand les entreprises et les administrations renouvellent la notion de métier », , Bref du Cérec 282, février 2011. [En ligne] http://goo.gl/28AQg • Catusse Myriam, Destremau Blandine, Verdier Éric (dir.) 2010, L'État face aux débordements du social, Paris, Karthala. • Fournié Dominique, Guitton Christophe, 2008, « Des emplois plus qualifiés, des générations plus diplômées, Vers une modification des normes de qualification », Bref du Cérec 252, mai 2008. [En ligne] http://goo.gl/6Qgi4 • Issa Najib 2011, Les diplômés de l'enseignement supérieur au Liban et le marché du travail (en arabe). • Maillard Dominique, Veneau Patrick 2006, « Les licences professionnelles. Formes et sens pluriels de la professionnalisation à l'université », Sociétés contemporaines 62, p. 49-68. [En ligne] DOI : 10.3917/soco.062.0049 • Verdier Éric, 2008, « L'éducation et la formation tout au long de la vie: une orientation européenne, des régimes d'action publique et des modèles nationaux en évolution », Sociologie et sociétés 40/1, p. 195-225. [En ligne] http://id.erudit.org/iderudit/019478ar