Dynamiques des espaces frontaliers et des circulations transfrontalières
Dans le cadre du programme Ifpo Frontières et circulations au Moyen-Orient. Dynamiques des espaces frontaliers et des circulations transfrontalières
Jabal Amman, entre le 3e et le 4e cercle, rue Abu Firas Al-Hamadani Immeuble 16, en face de l'hôpital Farah.
Programme
12 juin 2012
10 h 30 – 11 h : Introduction par Cyril Roussel et Véronique Bontemps
11 h – 11 h 30 : Présentation des participants
11 h 30 – 12 h 30 : Véronique Bontemps : « Ce n'est pas une frontière ordinaire » : transformations des espaces frontaliers au pont Allenby.
La liberté de circulation entre les deux rives du Jourdain (Cisjordanie et Jordanie) a été interrompue en 1967, lors de l'occupation par Israël de la Cisjordanie et de Gaza. Après quelques mois de fermeture totale, l'occupation israélienne a autorisé le passage des Palestiniens vers la Jordanie via deux "ponts" : le pont Allenby et le pont Damia. Cette communication interroge la transformation des espaces frontaliers au pont Allenby sur le Jourdain, aujourd'hui seul point de passage empruntable pour les Palestiniens vers le monde extérieur, ainsi que les conséquences sur les perceptions et pratiques des voyageurs.
12 h 30 – 13 h 30 : Daniel Meier : Frontière fermée ? La frontière libano-israélienne comme espace d'interaction et de production spatiale.
Cette contribution entend explorer et discuter la typologie proposée par Rosière & Ballif (2009) relativement aux frontières fermées à travers le cas de la frontière libano-israélienne. Basée sur un travail d'enquête de terrain, cette présentation entend problématiser l'idée de fermeture à travers notamment le production d'espaces « frontier » dans la zone frontalière fermée d'une part (étude à partir du marquage de la ligne bleue) et d'autre part à travers l'acception diachronique de cette frontière qui fait ressortir cette zone comme espace de lutte, d'interactions sociales fondées sur des circulations civiles et militaires.
Repas (13 h 30 à 15 h)
15 h – 16 h : Cyril Roussel : Les migrations transfrontalières au « Kurdistan » : entre peshmergas et trafiquants.
Cette communication a pour objet les dynamiques des espaces transfrontaliers du nord de l'Irak. En tant que géographe, j'étudie l'organisation d'espaces qui se structurent à cheval sur une ou des frontières étatiques. Loin d'être des coupures hermétiques, les frontières du Kurdistan d'Irak (avec la Syrie, la Turquie et l'Iran) sont le théâtre de reconfigurations socio-spatiales, mais aussi de pratiques sans-cesse renouvelées des migrants, des passeurs et autres trafiquants. Mais elles sont avant tout des interfaces entre des Etats eux-mêmes et à ce titre font l'objet d'une surveillance accrue, d'une volonté d'aménagement, de canalisation des flux. Ainsi, les dynamiques et l'épaisseur des espaces frontaliers de part et d'autre des frontières sont généralement dépendantes du contexte politique entre les Etats et leur population kurde. A partir de l'exemple des frontières du nord de l'Irak (Syrie, Turquie et Iran partagent une frontière commune avec le Kurdistan d'Irak), nous verrons comment les divers types de populations qui traversent ces frontières se réorganisent en fonction des contraintes fortes exercées par les pouvoirs centraux qui dans un même temps cherchent, de leur côté, à en tirer profit (cas du contournement des sanctions internationales).
16 h – 17 h : Philippe Bourmaud : La frontière par la transgression : le haschisch entre Syrie et Transjordanie à l'époque mandataire.
Je me propose d'enquêter sur la zone frontalière syro-palestino-transjordanienne, à l'époque où celle-ci était en formation, du temps des mandats. En première approche, il apparaît utile d'aborder les circulations dans cet espace comme tournant autour d'un nœud, entre des territoires différenciés. Cette différenciation tient à la fois à des écarts de niveau de vie et de performances économiques marquées, à des rythmes variés de constitution des dispositifs frontaliers, et aux intérêts divergents des mandataires dont les zones de tutelle se jouxtent, et des gouvernements des Etats en formation placés sous leur contrôle. L'étude des circulations formelles aussi bien qu'informelles (allant des produits de première nécessité, en particulier durant la Seconde guerre mondiale, aux psychoactifs illicites comme le haschisch, et aux armes) permet de faire une histoire de cette frontière et de ses usages avant sa fermeture sur le segment palestinien en 1948.
13 juin 2012
10 h – 11 h : Norig Neveu : Ma'ân : entre commerce et pèlerinage - Fin XIXe-début XXe siècle. Un carrefour du sud du Bilâd al-Shâm ottoman ?
À la fin du XIXe siècle, Ma'ân était un carrefour et un véritable creuset culturel, située à la frontière du sud du Bilâd al-Shâm, du Hedjaz et de l'Egypte. Cette communication tentera de détailler l'interdépendance entre les différentes composantes sociales locales. Par ailleurs, outre la présence de tribus bédouines et villageoises, un partie de la population de la ville était originaire du Maghreb ou d'autres régions du Bilâd al-Shâm. Ces populations participaient au cosmopolitisme local et leur installation fut suivie d'une intégration au système tribal. Quelles furent les conséquences de l'installation de ces populations sur les pratiques culturelles et religieuses des populations locales ? Comment la situation de carrefour de la ville de Ma'ân a-t-elle influencé l'organisation sociale locale sur le long terme ? Peut-on lire à l'échelle locale des points de résistance à ce cosmopolitisme ? L'absence d'implantation du soufisme dans la ville de Ma'ân servira de base à une réflexion sur les résistances locales dans une ville en situation de carrefour.
11 h – 12 h : Luigi Achilli : Im/mobility in Al-Wihdat (Amman, Jordan)
During the time of my fieldwork in Al-Wihdat, I came to ascertain how most refugees have developed intricate social relations with the 'world' outside the Camp. Palestinian refugees' life trajectories in Al-Wihdat have never been contained within the space of the Camp. They are deployed in transnational networks, built from multiple attachments, and they encode practices of accommodation with, as well as resistance to the Hashemite Kingdom and its norms. The aim of this paper is to highlight patterns of mobility amongst a group – Palestinian refugees – which is too often depicted as 'stuck' in camps and incapable of movement.
12 h – 13 h : Hala Abou Zaki : Du camp de Chatila à Amman : Trajectoires de familles réfugiées palestiniennes entre le Liban et la Jordanie.
Cette communication s'intéresse aux mobilités d'une famille palestinienne originaire de Jaffa et réfugiée au Liban après 1948. Depuis les années 1970 et 1980, plusieurs membres de celle-ci ont quitté le Liban pour s'installer dans d'autres pays (Jordanie, Syrie, Arabie Saoudite, Irak, Allemagne, Australie, Etats-Unis). Je me focaliserai principalement sur les trajectoires de deux femmes de cette famille qui font partie respectivement des première et deuxième générations nées en exil, et qui vivent en Jordanie depuis plus de trente ans. Il s'agira de s'interroger sur les liens ou l'absence de liens entre ces dernières et leur famille, en particulier avec celle restée au Liban. Comment ces familles communiquent-elles ensembles ? Où, quand et comment se retrouvent-elles? Comment perçoivent-elles cette dispersion familiale et leur vie en Jordanie ?
Repas (13 h à 15 h)
14 juin2012
Réunion de l'équipe. La matinée sera consacrée aux discussions et à la synthèse (à partir de 9h).