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Publié ici :
13 Juillet 2012Mis à jour le :
20 Juin 2017Zone géographique:
- Moyen-Orient

Lyon 2-3 octobre 2012
Amphithéâtre Benvéniste, GREMMO, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Université Lyon 2., 5-7 rue Raulin 69007 Lyon
En septembre 2011, le programme de recherche « Les cartes du Nord de l’Irak » a débuté. Il est né d’une collaboration entre l’Ifpo (Institut français du Proche-Orient) – Umifre 6, CNRS-MAEE, USR 3135, l’Université Salahedin d’Erbil (Irak) et le Gremmo (Groupe de Recherches et d’Études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient ; Maison de l’Orient et de la Méditerranée ; Lyon 2, UMR 5195) . Le but de ce projet est de réaliser un ouvrage cartographique et analytique (analyse des dynamiques socio-spatiales) du Nord de l’Irak en collaboration avec l’Université d’Erbil et d’autres institutions irakiennes, et avec le soutien technique du Gremmo (Lyon II). Notre ouvrage se présentera sous la forme d’une publication en quatre langues (français, anglais, kurde, arabe).
Dans ce cadre, l’Ifpo organise un colloque à Lyon les 2 et 3 octobre 2012 avec notre partenaire principal en France – le Gremmo de Lyon – et notre partenaire irakien, l’Université Salahedin d’Erbil. Il s’agirait de montrer en quoi cette région, entre Syrie, Turquie et Iran constitue une zone particulièrement fragile dans la période d’instabilité en cours et de comprendre comment l’espace est au centre des dynamiques et des stratégies tant économiques, politiques ou encore communautaires qui s’y affrontent. Ce colloque se propose de faire connaître les enjeux régionaux et les dynamiques en cours dans cette région frontalière.
Le but du colloque est de comprendre les dynamiques spatiales en cours dans le nord de l’Irak à travers l’analyse des acteurs qui participe à sa production : communautés, pouvoirs politiques, acteurs économiques.
Le Nord de l’Irak vit, depuis 2003, une phase de développement économique sans précédent et est pris dans de nouvelles dynamiques : enjeux pétroliers, enjeux frontaliers, recherche de reconquête des espaces ruraux et agraires, mise en réseau des centres urbains dans une économie régionale/mondiale, développement économique sans précédent, accueil des populations réfugiées ou déplacées, etc. Cette région n’est plus un espace autarcique et témoigne des évolutions en cours dans un Moyen-Orient devenu instable et de plus en plus interdépendant. Mais surtout, les régions peuplées en grande partie de Kurdes au nord du pays connaissent un processus de construction et d’autonomisation politique qui n’est pas sans effets sur la production de l’espace. Les géographes et politologues que nous sommes ne peuvent rester en dehors des enjeux – politiques, économiques, régionaux – qui se trament dans cette région à la frontière des principales puissances régionales que sont la Turquie, l’Iran ou la Syrie et se doivent d’apporter leur contribution par le biais de l’analyse spatiale et politique. Ici se jouent les luttes d’influences entre puissances régionales et certainement les conflits à venir dans un contexte marqué par le retrait des troupes américaines, le devenir de la Syrie et le rôle accru de l’Iran, de la Turquie et des monarchies du Golfe.
Nous chercherons à comprendre comment une région multi-confessionnelle et multi-communautaire (celle du Nord de l’Irak), et qui de surcroît joue un rôle de transit accru au Moyen-Orient (entre Turquie, Iran, Syrie, reste de l’Irak et Péninsule arabique), cherche à se constituer en une entité autonome dans le contexte actuel de tensions régionales. Ce territoire en devenir, à l’avenir encore incertain, se situe au centre d’une forte dynamique d’intégration économique régionale alors que la situation géopolitique est explosive. L’analyse socio-spatiale sera un excellent révélateur des enjeux et des dynamiques qui structurent cet espace qui, pour l’instant, arrive à tirer parti des conflits d’influence qui se focalisent dans la région.
Ce colloque permettrait de combler un vide béant car aucune manifestation scientifique contemporaine ne s’est tenue sur cette région et peu de données scientifiques n’ont été produites à l’échelle entière de la région kurde en Irak. Pourtant, le Kurdistan d’Irak est un observatoire des enjeux et des dynamiques en cours à l’échelle moyen-orientale (Irak, Turquie, Syrie, Iran, Golfe).
Le but de ce colloque sera aussi de réunir des chercheurs qui travaillent sur le terrain irakien et de présenter aux universitaires français les recherches en cours ainsi que la base de données en construction qui permettra, à terme, de ne plus effectuer des recherches en aveugle, centrées par exemple sur un espace réduit.
Cyril Roussel (Ifpo)
Ifpo Amman
Téléphone : 00962- (0)64611171
Portable : 00962-(0)775275028
cyril.roussel@netcourrier.com
Les journées s’organiseront autour de 4 séances. Une heure pour chaque présentation sachant que l’intervenant parle environ 30 à 40 mn – il faut compter le temps de la traduction du kurde vers le français et du français vers le kurde. Le reste sera consacré aux questions.
9 h – 9 h 30 : ouverture du colloque par Fabrice Balanche, directeur du Gremmo et introduction du colloque par Cyril Roussel, responsable du programme « Les cartes du Kurdistan d’Irak ».
Discutant : Mr Hamit Bozarslan (EHESS Paris).
9 h 30 – 10 h 30 : La construction des frontières du Kurdistan Irakien
Khalil Ismail Mohammad (Université Salahadin – Erbil)
Cette étude vise à analyser la manière dont les frontières de la région autonome du Kurdistan irakien ont été délimitées. L’étude sera menée à partir d’une analyse des facteurs historiques et géographiques. La première partie portera sur les limites du Kurdistan avant la première guerre mondiale ; la deuxième partie portera sur la période suivante soit la fondation du Kurdistan irakien en 1921, son intégration dans l'Etat irakien sous mandat britannique, puis les revendications des kurdes en Irak jusqu’à l'effondrement de l’ancien régime en 2003 et l'application de l'article 140 (sur les zones en discussion) de l'Irak actuel.
10 h 30– 11 h : pause-café
11 h – 12 h : Les zones en discussion : quelle frontière pour le KRG ?
Alice Tawil (Université de Strasbourg)
Une bande de terre de près de 650 km2 et qui s’étend de la frontière syrienne à la frontière iranienne est en cœur des dissensions qui tiraillent les relations entre Erbil et Bagdad. Nous proposons de montrer que plusieurs problématiques s’articulent au sein de cette zone qui est loin d’être homogène. En fonction de facteurs communautaires, politiques et économiques, les territoires en discussion n’ont pas vocation à être gérer par une seule et même autorité. Le flou juridique est renforcé par l’incapacité à appliquer les étapes de l’article 140 qui sont dépendantes des rapports de forces sur le terrain.
12 h – 13 h : Organisation et enjeux politiques au Kurdistan d’Irak : l’espace du politique.
Arthur Quesnay (Ifpo Erbil – Irak)
L’espace politique kurde irakien s’est historiquement constitué à partir de la mobilisation des populations autochtones autour de l’enjeu nationaliste kurde. En réaction à la politique répressive de Bagdad, différents partis politiques kurdes se sont progressivement formés à travers l’imaginaire nationaliste, parmi les réseaux de solidarités communautaires et par la gestion des économies locales. Cependant, cet espace politique a également été structuré par des dynamiques transnationales qui peuvent expliquer la survie, le développement et les divisions des principales organisations politiques kurdes. Ainsi, l’ancrage territorial des formations politiques kurdes est inégal. Il varie selon les époques, les localités géographiques et le contrôle par les partis des structures socio-économiques locales. Loin d’être linéaire, il fait face à d’importants mouvements de contestation populaire s’opposant à la gestion autoritaire de cet espace politique par les grands partis kurdes irakiens.
13 h – 14 h 30 : repas
Discutant : Cyril Roussel (Ifpo Amman)
14 h 30 – 15 h 30 : Minorités et migrations au Kurdistan : le cas des chrétiens et des yézidis
Peyman Shuqi (Université Salahedin – Erbil)
Le Kurdistan d’Irak joue depuis 1991 et surtout depuis 2003 le rôle d’un espace refuge pour les communautés religieuses irakiennes. Les yézidis, tous kurdes, vivent en bonne entente avec leur voisinage. Ils sont répartis cependant de part et d’autre de la frontière du KRG, c’est-à-dire qu’une partie d’autre eux se trouvent dans les zones en discussion : les yézidis du Sindjar par exemple constituent une poche relativement homogène et sous contrôle du KRG ce qui permettra que ce territoire est particulièrement bien intégré à la région autonome kurde.
En parallèle, les chrétiens jouissent d’une protection particulière au KRG : déplacés suite aux violences communautaires à Mossoul, Kirkouk ou Baghdad, des milliers de familles chrétiennes se sont réparties au KRG où des projets de développement tentent parfois de les intégrer.
15 h 30 – 16 h 30 : L'impact des facteurs géographiques sur la répartition géographique de la population dans la région du Kurdistan
M. Hewa Sadiq Saleem (Université Salahedin – Erbil)
Cette étude vise à montrer la répartition géographique de la population dans la région du Kurdistan et à identifier les divers facteurs explicatifs. Si l’on peut relier cette répartition à différents facteurs géographiques (topographie, ressources hydrologiques), l’impact de la politique menée par Saddam Hussein a aussi été un facteur qui a joué un rôle important dans la répartition de la population. Depuis 2003, des dynamiques nouvelles, liées surtout à la régionalisation de l’économie, participent au renforcement de certains centres urbains et de certains secteurs du territoire kurde en Irak.
16 h 30 – 17 h : pause-café
17 h – 18 h : Les réfugiés, les déplacés et les « returnes » dans le gouvernorat de Dohuk
M. Mohamad Abdulla Hamo (Office des déplacés et des migrations – Dohuk)
Fuyant les violences en Syrie ou bien la répression en Turquie ou en Iran, des dizaines milliers de réfugiés kurdes de ces pays sont venus trouver un refuge au KRG. Près de 6500 se trouvent dans la province de Dohuk. Les déplacés dans cette province – kurdes à 80 % ; chrétiens à 15 % et turkmènes/arabes à 5 % – ainsi que des familles kurdes revenues de l’étranger (« returnes ») font l’objet d’une prise en charge par le KRG. Comment se fait la gestion de ces populations par l’autorité régionale ?
20 h : Dîner
Discutant : Fabrice Balanche (Gremmo Lyon)
9 h – 10 h : L’Agriculture au Kurdistan et les opportunités d'investissement
Hashim Yaseen al-hada (Université Salahedin – Erbil)
L'activité agricole est une des principales activités économiques dans la plupart des pays du croissant fertile. Le Kurdistan d’Irak, comme dans l’ensemble de la région, connaît depuis longtemps une complémentarité des deux branches d'activité agricole : l’agriculture et l’élevage. Les potentialités du Kurdistan d’Irak sont énormes : la terre y est fertile et le climat particulièrement adapté à l’agriculture (ressources en eau importantes). La région est caractérisée par la présence de plus de 3,5 millions d'hectares de terres arables, ce qui représente plus de 41% de la surface totale de la région du Kurdistan. Les capacités de production de la région dépassent les besoins de la population locale, ainsi des quantités importantes sont exportées vers les autres gouvernorats d'Irak et les pays voisins.
Toutefois, ce secteur vital a accusé une baisse significative de la productivité ces dernières décennies en raison d'une combinaison de plusieurs facteurs : la destruction d'environ cinq mille villages kurdes par l'ancien régime et le déplacement d’une partie de la population rurale ; la réduction de la superficie des terres agricoles ; le maintien de méthodes agricoles primitives car l’agriculture souffre d’un manque d’investissement et de technologies nouvelles. Cela a conduit à des problèmes qui touchent de nombreux processus de production agricole.
10 h – 11 h : Le pétrole au Kurdistan irakien : enjeux, blocages
Azad Mohammed Ameen Kaka Sheikh Naqshbandi (Université Salahedin – Erbil)
L'étude vise à analyser les enjeux pétroliers dans la région du Kurdistan. Elle s’articule autour de plusieurs points :
11 h – 11 h 30 : pause-café
Discutant : Mr Hamit Bozarslan (EHESS Paris).
11 h 30 – 12 h 30 : Le Kurdistan d’Irak : une région frontalière (flux transfrontaliers)
Cyril Roussel (Ifpo Amman – Jordanie)
L’ouverture de la région autonome du Kurdistan d’Irak sur ses voisins a engendré des dynamiques économiques et humaines nouvelles. Les postes frontières servent de porte aux produits importés en masse avec l’argent du pétrole. Produits turcs, iraniens mais aussi syriens inondent la région. À cela s’ajoute des flux de migrants qui viennent profiter du boum économique. Pourtant, la région autonome kurde n’a pas rompu avec les trafics illégaux de marchandises qui continuent de faire vivre une partie des zones frontalières ainsi que des réseaux de contrebande bien structurés qui s’étendent bien plus loin. Des migrants clandestins traversent toujours régulièrement les frontières du pays alimentant une économie clandestine lucrative. Ainsi le rôle de région transfrontalière est à n’en pas douter un des atouts principaux que le KRG possède. Mais alors comment pourra se maintenir, dans un cadre normatif qui progresse, cette complémentarité entre les échanges légaux et illégaux ?
12 h 30 – 14 h : Repas
14 h – 15 h : Villes, réseaux routiers et activités économiques : une nouvelle carte du Kurdistan
Samir Mahoo Jamil (Université Salahedin – Erbil)
À travers l’organisation du réseau urbain de la région du Kurdistan, mais aussi celle du réseau routier en cours de restructuration, ainsi qu’à travers la répartition des principales activités économiques et commerciales concentrées dans les agglomérations urbaines, cette étude tentera de montrer comment l’espace économique se structure. Les flux de marchandises engendrés par l’activité commerciale, le renforcement de pôles d’investissement économiques où se concentrent les activités redessinent une nouvelle carte du Kurdistan dans laquelle l’interconnexion de certains lieux se renforce.
Erbil, la capitale de la région du Kurdistan, sera étudiée à titre d'exemple, pour montrer son expansion urbaine, le développement des infrastructures routières et des services de transport, le renforcement des activités économiques et des services administratifs.
15 h – 16 h : Construction d’un dialogue politique par l’économie : les échanges commerciaux entre la Turquie et le GRK
Mervé Ozdemirkiran (Sciences-po Paris, CERI).
La Turquie s’est activement engagée dans le processus de reconstruction de l’Irak après 2003 dans le cadre de ses objectifs de politique étrangère de devenir un acteur majeur au Moyen-Orient. Ses préoccupations de sécurité frontalière et la nouvelle donne politique irakienne déterminée par la Constitution de 2005 ont conduit la Turquie à développer des relations particulières avec le GRK. Les échanges économiques et les investissements des entrepreneurs de Turquie dans le domaine de l’infrastructure au Kurdistan irakien constituent le centre de ces relations. Ces activités économiques ont entamé un processus de dialogue entre la Turquie et le GRK qui permet de briser les tabous cristallisés sur le conflit kurde au Moyen-Orient. En tant que porteurs des relations entre la Turquie et le GRK, les hommes d’affaires forment un groupe d’acteurs non étatiques et transnationaux qui influencent de plus en plus les opinions publiques turque et kurde en créant parallèlement un nouvel espace d’échanges culturels et sociaux entre les Kurdes de Turquie et ceux d’Irak.
16 h – 16 h 30 : Conclusions du colloque.
20 h : Dîner