Le Centre Jacques Berque (Rabat) et le Labex TransferS (Paris) organisent deux journées d'étude sur la question des économies domestiques.
Productions domestiques dans leur environnement économique : mutations, branchements, polyphonies... Des terrains et des analyses
Les intervenants présenteront leurs recherches respectives et discuteront les analyses qu'ils en tirent.
Durant ces deux jours, des créneaux seront réservés à des doctorants afin qu'ils/elles puissent soumettre leur recherche aux intervenants qui les discuteront.
Ces journées sont ouvertes à toutes les disciplines des sciences sociales et à des recherches menées à partir de travaux empiriques (terrain ethnographique, archives,entretiens, statistiques...).
Intervenants :
Florence Weber, sociologue, professeur des universités, École normale supérieure de Paris. Mustapha Qadery, historien/anthropologue, professeur, Université Mohamed V, Rabat. Laurence Fontaine, historienne, CNRS, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris. François Ireton, sociologue, CNRS, PACTE, Grenoble, et CJB, Rabat. Isabelle Guérin, sociologue, IRD, Paris. Hamidou Dia, socio-anthropologue, IRD, Bordeaux. Ana Perrin-Heredia, sociologue, Centre de Sociologie des Organisations, Paris. David Goeury, sociologue et géographe, ENEC, Paris, et CJB, Rabat. Khalid Mouna, anthropologue, maître de conférences, Université Moulay Ismael, Meknès.
Responsable des journées :
Pascal Mulet, doctorant en ethnographie économique (Centre Maurice Halbwachs, ENS et EHESS, Paris), doctorant associé au Centre Jacques Berque.
Productions domestiques dans leur environnement économique : mutations, branchements, polyphonies... Des terrains et des analyses
Quel(s) regard(s) porter sur les économies mises en place par des groupes sociaux (auto)définis par la lignée, l'alliance, la cohabitation, ou par toute autre forme de justification à leur constitution et au maintien d'un sentiment d'appartenance à ces groupes que nous nommerons ici « domestiques » ? Si certains contextes juridiques et économiques permettent une distinction entre sphère de la production et sphère de la reproduction, et si certaines théories économiques d'inspiration néo-marginaliste ou marxiste s'emparent de ce contexte social pour délimiter théoriquement et a priori des « mondes » distincts et hermétiques (celui de l'intérêt et celui des sentiments, celui de la « comptabilité » et de l'investissement et celui des comptes et d'une consommation « simple », par exemple), la définition même et les limites du « domestique » perdent de leur évidence lorsque l'analyse prend en compte la diversité des représentations ou des environnements par et dans lesquels il est constitué. De plus, une « analyse dynamique » [Balandier, 1955] nécessite et permet d'appréhender ces économies et ces groupes pris dans des contextes en mutation (formes historiquement et socialement constituées de « mondialisation », « branchements » [Amselle, 2001], par exemple) et eux-mêmes en transformation.
Nous partirons du principe que si le « domestique » n'est limité ni par le domicile, ni par son opposition à toute forme entrepreneuriale, ni par la lignée, ni par une forme d'intériorité, il existe néanmoins des formes d'économie mises en place par et pour les membres de groupes tels que présentés ci-dessus, individus qui reproduisent, constituent et appliquent (de manière plus ou moins autorégulées) des règles de production et d'échange (interne ou externe) qui leur sont propres. Groupes et pratiques qu'il s'agit alors de définir, notamment dans leur rapport à leur environnement social, économique, juridique ou moral.
L'objectif de ces journées est de créer les conditions d'une approche multi-située (pour l'instant : Maroc, France, Sénégal, contexte urbain ou rural, contemporain ou passé...) sur le thème des économies « domestiques ». En invitant chaque intervenant à présenter un terrain d'étude spécifique et les analyses qu'il/elle en tire, il s'agit de reprendre l'idée simple selon laquelle la comparaison permet de mettre à jour les particularités propres à un terrain, voire de mettre en question la pertinence d'un seul et unique terme (ici celui de « domestique ») pour analyser ces économies... domestiques.