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Publié ici :
20 Septembre 2012Mis à jour le :
20 Juin 2017Zone géographique:
- Moyen-Orient
Colloque
Beyrouth, vendredi 28 septembre 2012
Salle de conférences- Rectorat de l’Université Libanaise, Rond-point du Musée
Organisation :
Ifpo – Observatoire urbain,
en partenariat avec l’Université Libanaise et l’Institut national du patrimoine, Paris
Avec le soutien de l’Agence Universitaire de la Francophonie, de l’Institut français en Irak et le parrainage du bureau de l’Unesco- Beyrouth
L’objet de ce colloque interdisciplinaire est de confronter réflexions et expériences autour de la question des nouvelles acceptions de « patrimoine moderne » au Proche-Orient, à travers les objets et les espaces qui sont ainsi désignés, mais aussi la façon dont des professionnels très divers s’en saisissent, et les pratiques qui s’en réclament. Dans le prolongement de la réflexion sur le « patrimoine bâti » à distinguer du « monument historique » (Françoise Choay) et au-delà de l’espace de la ville arabo-musulmane telle qu’était analysée par des historiens comme André Raymond, Attilio Petruccioli ou Eugen Wirth, nous réfléchirons aux enjeux de la fabrique du patrimoine et de la construction de l’objet « espace patrimonial moderne » dans la région du Proche-Orient. (lire texte complet de présentation)
The purpose of this transdisciplinary conference is to confront reflections and experiences as concerns the new interpretations of the notion of "modern heritage" in the Middle East, through the objects and spaces that are so designated, but also through the diversity of ongoing professional theories and practices implementing this notion. In the wake of this reflection around “built heritage” as distinguished from that of "historical monument" (Françoise Choay) and beyond the Arab-Muslim urban space that was analyzed by such historians as André Raymond, Attilio Petruccioli or Eugen Wirth, we will reflect on the stakes of heritage making and on the elaboration of the "modern spatial and architectural heritage" concept in the Middle East. (read further, english presentation)
Contact Caecilia Pieri : drcp.orient@gmail.com
Une traduction simultanée français-arabe est assurée.
Accueil des participants (8h30)
Modératrice : Caecilia Pieri, Observatoire urbain, Ifpo
Modérateur : Levon Telvizian, Université Libanaise
Modérateur : Roy Dib, journaliste à al-Akhbar
Modératrice : Géraldine Chatelard, Unesco Irak
Modérateurs : Caecilia Pieri, Observatoire urbain, Ifpo et Levon Telvizian, UL
L’objet de ce colloque interdisciplinaire est de confronter réflexions et expériences autour de la question des nouvelles acceptions de « patrimoine moderne » au Proche-Orient, à travers les objets et les espaces qui sont ainsi désignés, mais aussi la façon dont des professionnels très divers s’en saisissent, et les pratiques qui s’en réclament. Dans le prolongement de la réflexion sur le « patrimoine bâti » à distinguer du « monument historique » (Françoise Choay) et au-delà de l’espace de la ville arabo-musulmane telle qu’était analysée par des historiens comme André Raymond, Attilio Petruccioli ou Eugen Wirth, nous réfléchirons aux enjeux de la fabrique du patrimoine et de la construction de l’objet « espace patrimonial moderne » dans la région du Proche-Orient.
Concernant les pays du Sud de la Méditerranée en effet, la notion de patrimoine moderne peut être assimilée au « patrimoine récent » tel que défini dans les programmes Euromed, à savoir « le produit des interactions entre les cultures et le partage de connaissances techniques locales et exogènes réalisés pendant ces deux derniers siècles ». Mais ce colloque entend étudier, en parallèle à l’objet – bâti, insertion de ce bâti dans le contexte urbain ou le territoire, pratiques liées à l’espace urbain – le cadre des pratiques professionnelles et universitaires qui s’y consacrent.
Comme le notait en 2004 Éric Verdeil par exemple à propos du « Sud de la Méditerranée », « l’émergence du champ du patrimoine dans la commande urbanistique est l’un des renouvellements les plus notables de la période récente ». Dans une certaine mesure, ce renouvellement est à mettre en parallèle avec la notion de paysage culturel telle qu’elle est définie aujourd’hui par l’UNESCO. Au-delà des critères précis exigés pour un classement à ce titre au patrimoine mondial, une telle notion permet d’interroger la dimension construite et matérielle d’un paysage donné, ainsi que sa dimension historique, immatérielle ou symbolique : à ce titre, des espaces urbains vernaculaires peuvent être considérés comme susceptibles d’être « patrimonialisés ».
Or, les cadres juridiques et règlementaires, au Liban par exemple, ne sont pas au diapason de la « conscience patrimoniale » et l’on parle toujours de Direction Générale des Antiquités sans même que la notion de « patrimoine », à plus forte raison moderne, ait droit … de cité dans les institutions publiques. La notion d’espace patrimonial moderne est donc une construction composite, dont le flou juridique, qui la caractérise encore au Proche-Orient, est proportionnel à la multiplicité de ses formes.
Pour cette raison, nous nous interrogerons sur les processus de patrimonialisation qui émergent en tant domaine d’intervention concret, afin d’examiner l’évolution des modalités d’intervention au cours de ces dernières années, la façon dont les pratiques professionnelles interviennent directement ou à la marge de la pratique urbanistique et des cadres règlementaires. Nous envisagerons le rôle des formations universitaires dans le domaine de la conservation, de la réhabilitation et de la valorisation de l’espace urbain, mais aussi l’identité des objets et espaces identifiés comme patrimoine, la place des espaces et objets « modernes » dans ce travail, et enfin la réception de ces interventions patrimoniales par les usagers qu’elles concernent.
On tentera d’aborder un éventail de métiers consistant à évaluer, définir ou gérer l’espace architectural, urbain ou territorial considéré comme un héritage collectif, quelle qu’en soit l’échelle : qu’il s’agisse des représentations d’ordre artistique, d’espaces anthropologiques, de pratiques et de sociabilités, d’équilibre entre préservation patrimoniale, usage quotidien ou développement. L’accent sera particulièrement mis sur les méthodologies, les processus de collecte d’informations, les critères de la qualification patrimoniale mais aussi les contours d’une praxis professionnelle, avec ce que cela suppose de variantes dans la confrontation entre approche pragmatique, déontologie professionnelle, équilibres politiques, insuffisance ou particularités des dispositifs juridiques, difficultés dues à la distance qui bien souvent sépare la société dite civile des débats d’experts. Cela permettra d’établir, pour les terrains concernés, un bilan critique de l’adéquation entre la vision patrimoniale « professionnelle » et la réalité des tissus locaux, en décodant les processus d’insertions : conflits, négociations, consensus, compromis, échecs éventuels.
Sont invités à faire part de leur expérience quotidienne concrète des processus de patrimonialisation, aussi pragmatique et diverse soit-elle, principalement au Liban mais aussi dans d’autres pays de la région ainsi qu’en France: des urbanistes et architectes en exercice, mais aussi des chercheurs en sciences humaines et sociales, des enseignants, des professionnels et animateurs culturels, élus ou consultants auprès de collectivités locales, d’entreprises privées ou d’organisations internationales, institutionnels et enseignants membres de dispositifs institutionnels, chercheurs travaillant à l’analyse et la préservation de savoir-faire artisanaux, acteurs culturels, etc. À différents degrés, tous jouent en effet un rôle complémentaire dans les conditions de fabrication mais aussi d’appropriation de l’espace moderne, urbain et non urbain, comme donnée patrimoniale. À ce titre, tous contribuent également à renouveler le champ des expériences concrètes et intellectuelles. Peut-être, au terme de cette journée, arrivera-t-on à la conclusion que la notion d'espace patrimonial moderne est "actée" dans un certain nombre de pratiques professionnelles, mais qu'il lui manque les soutiens juridiques, institutionnels et politiques nécessaires à sa pérennisation ?
Plusieurs thèmes structurent la première journée : la ville, espaces, objets, lieux de socialisation ; l’habitat ; outils et objets de la vie quotidienne, patrimonialisation des espaces et des bâtiments, métiers, approches.
Modératrice : Caecilia pieri, Observatoire Urbain-Ifpo
Gennaro Toscano, directeur scientifique de l’Institut national du patrimoine, Paris
Vers une explosion du concept de patrimoine
Cette communication mettra l’accent sur le cas de la France, où l’explosion du concept de patrimoine provoque un phénomène de patrimonialisation à outrance : de l’unicum au typicum, tout, ou presque, est susceptible de devenir patrimoine. Elle questionnera l’élargissement des domaines patrimoniaux, lancé avec l’institution de l’Inventaire Général en 1964, poursuivi avec la notion de patrimoine immatériel et qui engobe aujourd’hui jusqu’à l’art contemporain, avec le problème de la restauration d’œuvres récentes. Elle s’interrogera enfin sur l’opportunité de systématiquement considérer comme patrimoine les pratiques patrimoniales elles-mêmes.
Yasmine Makaroun- Bou Assaf, architecte, conservatrice du patrimoine, Université Libanaise, Tripoli :
Tourâth, mythe ou réalité ?
L’extension systématique des pratiques de réhabilitation au patrimoine vernaculaire a accéléré un phénomène dit de « patrimonialisation » et bouleversé le paysage culturel régional. Confronté à une forte demande publique et privée, les professionnels du patrimoine contribuent au quotidien à l’évolution de cet espace patrimonial. Images fétiches, reflets d’une nostalgie identitaire, tremplins de développement économiques et touristiques, muséification des espaces ruraux ou urbains, recherches identitaires régionales, retour aux sources ou revendications de ressources traditionnelles durables, autant d’aspects qui jalonnent le quotidien des métiers du patrimoine. A travers des expériences concrètes sur le territoire libanais et régional, les divers aspects et enjeux de cette pratique seront abordés au cours de cette intervention.
Véronique Bontemps, anthropologue, chercheuse associée à l’Ifpo :
Savonneries et savon de Naplouse : patrimoine à quel titre ?
Industrie pluriséculaire, en net déclin depuis la deuxième moitié du XXe siècle, la savonnerie à Naplouse reste considérée comme un trait typique de la ville. Bien que considérée par ses habitants comme un patrimoine (tourâth) local et citadin, elle apparaît aujourd’hui plutôt négligée par les pouvoirs publics (mairie, Autorité palestinienne).
Cette communication tentera de cerner les enjeux de l’inscription de cette activité toujours vivante (même si en net déclin) dans les objets du patrimoine palestinien. Elle montrera qu’à un paradoxe entre discours officiel et absence de prise en main de la part des pouvoirs publics, répond un autre paradoxe de la part des populations, entre attachement à un objet du passé et absence d’utilisation. Elle décrira ensuite la manière dont certaines associations de la société civile ou ONG ont aujourd’hui pris en main la patrimonialisation de cette activité, tout comme celle de l’objet savon, et terminera sur un parallèle critique avec la patrimonialisation du savon au Liban (Saïda, Tripoli).
Houda Kassatly, ethnologue, photographe, chercheuse associée à l’USJ, Beyrouth :
De l’émergence des expériences muséales au Liban et de leurs objets. La construction d’un patrimoine collectif.
Avec l’émergence au Liban d’une tendance de plus en plus marquée à la muséographie de la vie rurale (habitat, outils, instruments…) on assiste à ce que Nathalie Heinich nomme « une inflation patrimoniale ». Des universités, des associations, ou encore la Fondation Nationale du Patrimoine, ont fondé des musées basés sur une récolte d’objets anciens ou sur la restauration de savoir-faire techniques et d’habitat vernaculaire, lesquels (objets, savoir-faire et habitat) ont une particularité commune, celle d’avoir connu une période de rupture. Cette intervention se propose d’étudier la question de la valeur des objets collectionnés, de la mutation de leurs statuts et d’analyser la construction de leur valeur qui les rehausse au rang d’objets du patrimoine. Ces cas concrets permettent donc de comprendre les mécanismes de construction d’un patrimoine collectif, susceptible de devenir un outil pour la promotion d’une région géographique, à condition toutefois de s’insérer dans une véritable pratique de développement durable.
Modérateur : Levon Telvizian, Université Libanaise
Antoine Fischfisch, architecte, urbaniste, professeur associé à l’Université du Saint-Esprit de Kaslik : Douma: préservation et mise en valeur d’un tissu urbain « traditionnel ».
L’exposé commentera une expérience de préservation à grande échelle dans le village de Douma, village de moyenne montagne situé dans la région de Batroun, au nord de Beyrouth et célèbre pour ses maisons de brique rouge. Le travail a porté sur environ 240 maisons traditionnelles et s’est accompagné de plusieurs mesures de fond : mise en place d’une politique de restauration et de revitalisation du souk traditionnel, mise en application d’un schéma directeur en urbanisme adéquat à tout le village. Il montrera ainsi de facto comment la transformation d’un tissu vernaculaire en objet de tradition et de patrimoine s’insère dans la gestion d’ensemble d’une municipalité.
Bechara Mouannes, architecte, professeur à l’Université du Saint-Esprit de Kaslik :
Les silos de Chekka (nord Liban), un patrimoine industriel.
Les ateliers thématiques du programme d’enseignement d’architecture à l’USEK consistent à faire expérimenter aux étudiants diverses méthodes d’investigation et divers outils dans l’approfondissement de thèmes et de problématiques choisis annuellement. Dans ce cadre, l’atelier « Architecture & Patrimoine » vise à sensibiliser les futurs architectes à la notion et aux principes de l’archéologie « moderne », appelée aussi archéologie industrielle. L’exposé commentera l’expérience récente, menée au cours de l’année 2012, sur le recyclage des silos de ciment à Chekka, première cimenterie construite au Liban en 1931, et qui présente la particularité de mêler patrimoine et activité industrielle en maintenant des fours désaffectés à côté de nouvelles installations en fonctionnement.
Mousbah Rajab, architecte, chef du département d’Urbanisme, Institut des Beaux-Arts, Université Libanaise :
La perception du patrimoine moderne à Tripoli et les enjeux de protection de la Foire Internationale, d’Oscar Niemeyer.
L’intervention portera sur la perception du patrimoine moderne à Tripoli et les multiples enjeux de la protection de la Foire Internationale, une des œuvres majeures d’Oscar Niemeyer commencée en 1962 sur une terrain de 100 hectares, interrompue en 1975 du fait de la guerre civile, puis tombée dans l’abandon et enfin régulièrement menacée par des projets de revitalisation inadaptés à l’architecture moderne de la Foire. Elle identifiera donc les différents acteurs publics qui sont partie prenante de son avenir et posera la question des outils juridiques ad hoc : l’hypothèse de base est en effet que les décisions de classement du patrimoine du XXe siècle restent subjectives, circonstancielles ou politiques, en dehors des textes juridiques en vigueur.
Ghada Razzuqi al-Slik, professeur, Faculté d’architecture, université de Bagdad :
Change in place: A view of the change in meanings within the modern memory of place in Baghdad, Iraq.
Layers of meanings through time give urban spaces their memory, turning them into places which build up the identity of the city; also, change is an element in the living character of the city. The city of Baghdad is one of those historic cities with sequential urban stages, together with vast modern urban growth. Events which happen in certain spaces shape the people’s understanding and thus create new places of memory such as additional dimensions to the city’s identity. The paper will address several cases studies to elaborate on the sequence of place-meanings and their change in accordance to people’s look and memory: their understanding is essential for any rehabilitation or redevelopment study, either for historic places witnessing modern events, or for more recent urban sites.
Modérateur : Moheb Chanessaz, Université Libanaise
Zeina Arida, directrice de la Fondation Arabe pour l’Image, Beyrouth :
La photographie arabe, de la pratique artistique à la documentation anthropologique ; l’exemple de Hachem al-Madani à Saïda.
La Fondation Arabe pour l’Image est née il y a quinze ans d’une démarche au départ artistique : il s’agissait de collecter et d’exploiter des œuvres photographiques arabes modernes. Petit à petit, dans la mesure où le fonds photo accumulé porte surtout sur les XIXe et XXe siècles, l’entreprise s’est constitué une vocation patrimoniale et la collection bénéficie d’une exploitation scientifique, artistique et éditoriale. Partenaire de la cinémathèque de Tanger, elle participe par ailleurs activement à la diffusion des connaissances sur une identité culturelle régionale. L’exposé portera notamment sur l’exemple de Hachem al-Madani à Saïda, photographe local dont l’œuvre retrouvée a permis une meilleure connaissance anthropologique de la ville.
George Arbid, professeur à l’American University of Beirut
La base de données architecturale : rachat de conscience, chronique d’une mort annoncée ou outil de changement ?
Le Arab Center for Modern Architecture est le nom donné à la toute première base de données en cours d’élaboration au Liban afin de devenir, à terme, un outil au service de la recherche mais aussi, par sa mise en accès libre, aux actions militantes de protection du patrimoine architectural moderne. La présentation couvrira les efforts qui ont été entrepris sur des années pour constituer la base de données. Elle débattra également des diverses implications que pourront entraîner la récente constitution à Beyrouth de ce centre d’architecture moderne à vocation régionale.
Maya de Freige, présidente de la Fondation Liban Cinéma
Le cinéma libanais, mémoire d’un siècle
A travers un panorama de l’ensemble du cinéma libanais du XXe siècle, l’exposé tentera de dégager l’image d’un pays mixte et divers, dont la mémoire devrait servir de base à la construction de l’avenir. Seront par ailleurs présentées les différentes stratégies de conservation actuellement assurées au Liban pour préserver un patrimoine fragile et précieux.
Modératrice : Géraldine Chatelard, Unesco-Irak
Rami Daher, architecte, professeur, German University, Amman
Remnants of the project of modernity in the Arab city: the vanishing heritage of modernity in Amman
The study addresses the meaning and essence of "modernity" as a major cultural change encompassing ideological, territorial and socio-economic transformation that Europe had gone through at the turn of the 20th Century and subsequent filtrations into the Arab World several decades later. It also addresses the neglect, lack of knowledge/ appreciation of this national and cultural legacy in Amman. It documents case studies that thrive to research, document, and conserve that modern heritage such as adaptive reuse projects in Amman (Electricity Hangar, Rainbow street), or researching and documenting the cinemas of Amman. Finally, the study stresses the crucial significance of evaluating the presence of "modernity" in Amman and the rest of the Arab world while emphasizing the need to reflect on that heritage and to incorporate it, at least at the level of understanding and critical evaluation, as part of general evolution of Arab thought and culture.
Arpiné Mangassarian, architecte, municipalité de Bourj Hammoud
Quartiers anciens à Bourj Hammoud : présent, mémoire et identité
Les quartiers anciens qui constituent le cœur vibrant de Bourj Hammoud, municipalité située au nord-est de Beyrouth, sont faits de plusieurs composantes : les rues, qui constituent l’espace public par excellence ; mais aussi le bâti qui, même lorsqu’il est dans un état vétuste, conserve des fonctions vivantes et attractives pour le petit commerce et l’artisanat. De plus, ils font partie intégrante de l’histoire locale et libanaise: celle du peuple arménien qui, parvenu au Liban après le génocide de 1917, fut et reste le principal acteur du développement local. C’est cette histoire particulière qui a conféré aux lieux leur dimension sociale, environnementale et culturelle particulière, voire leur identité. Sauver ces lieux en les préservant devient une problématique majeure mais cela exige des démarches drastiques : la présentation exposera quelques uns des défis auxquels la municipalité est confrontée.
Sarab Atassi, secrétaire scientifique de l’Atelier du Vieux Damas, Ifpo
Le quartier de Sha’alan à Damas, patrimoine actif dans l'espace vécu, ou patrimoine contemplé et classé ?
Le quartier de Sha’alan, situé hors de la vieille ville de Damas, a moins de 100 ans d’existence : haut lieu de l’espace et de l’architecture modernes à Damas, il pourrait prétendre à être protégé. Sa première forme est celle d’un quartier traditionnel caractérisé par une voirie en arborescence desservant des maisons à cour et une villa ottomane. Il a ensuite subi des influences stylistiques et techniques occidentales, et ses plus récents immeubles (années 1970) sont typiques de l’architecture dite « baassiste ». Rares sont les usagers qui remarquent ce patrimoine moderne remarquable par la beauté des façades et la diversité des formes. Pourtant le quartier attire, et on y flâne volontiers. Qu’est-ce qui cause ce bien être tout à la fois vague et décisif ? N’est-ce pas une atmosphère urbaine héritée d’un passé récent, la forme du quartier, l’étroitesse des rues, le côtoiement, la diversité des espaces et du décor ajouté, parfois très réussi. C’est l’effet vécu, sur les usagers, de ce métissage des formes et des inspirations, entre passé récent et présent à la mode, que nous cherchons à préciser comme un « patrimoine actif ».
Serge Yazigi, architecte, MAJAL (ALBA) :
Les escaliers de Beyrouth, espaces privés, espaces publics.
Les escaliers publics, qu’ils soient urbains ou ruraux, peuvent être facilitateurs d’échanges commerciaux, lieux de rencontres et de sociabilités ou être des espaces créatifs de jeux, d’activités sociales et culturelles. Beyrouth, à l’instar d’autres villes du bassin méditerranéen est une ville à dénivelés dont certains quartiers sont reliés entre eux par ces escaliers. Cependant, la transformation actuelle de la ville par le percement de tunnels, la construction de ponts, la frénésie de la destruction, qui favorise l’érection de tours censées devenir des icônes de la modernité du XXIe siècle, font craindre la disparition de certains de ses lieux de passage. Ces escaliers ont intéressé architectes, urbanistes et différents chercheurs; des relevés et des descriptions en ont été faits, certains ont subi des restaurations ou des tentatives d’enjolivement, mais leurs histoires, porteuses d’une bonne part de la mémoire de leurs riverains, restent à découvrir.
Fadi Hindi, architecte, urbaniste, conservateur du patrimoine :
Une identité urbaine menacée ? Le cas du quartier ottoman de Kifri, Kurdistan d’Irak.
Près de la frontière avec l’Iran, la petite ville de Kifri comporte un quartier ottoman dont elle a conservé le parcellaire, la typologie de l’habitat, certains équipements et monuments (hammams, mosquées, khans), et même une nécropole. Le marché du nouveau schéma directeur proposé a été remporté par une entreprise libanaise dont le travail doit désormais intégrer les données afférentes à cette découverte, mais aussi les risques qui pèsent sur ce patrimoine resté totalement ignoré puisqu’à ce jour il n’a jamais fait l’objet de la moindre documentation, publique ou privée
The purpose of this transdisciplinary conference is to confront reflections and experiences as concerns the new interpretations of the notion of "modern heritage" in the Middle East, through the objects and spaces that are so designated, but also through the diversity of ongoing professional theories and practices implementing this notion. In the wake of this reflection around “built heritage” as distinguished from that of "historical monument" (Françoise Choay) and beyond the Arab-Muslim urban space that was analyzed by such historians as André Raymond, Attilio Petruccioli or Eugen Wirth, we will reflect on the stakes of heritage making and on the elaboration of the "modern spatial and architectural heritage" concept in the Middle East .
As concerns the South Mediterranean region, in fact, the notion of modern heritage can be likened to that of "recent heritage" as defined in the Euromed programmes, namely "the product of interaction between cultures and the sharing of local and exogenous technical knowledge accumulated during the past two centuries”. Yet this conference also intends to explore, beyond the built object, and the built object’s insertion in its urban context or setting, all ongoing urban space related practices- the framework governing the work led by both the on site professionals and the university researchers.
As noted in 2004 by Eric Verdeil for example as concerns the "Southern Mediterranean area", "the emergence of heritage in urbanistic project schemes is one of the most notable novelties recently." To some extent, this novelty can be compared to the concept of cultural landscape as defined by UNESCO today. Beyond the specific criteria required for classification as such as World Heritage, this type of concept helps address the tangible and built dimension in a given landscape as well as its historical, symbolic or intangible dimension: in this perspective, vernacular urban spaces can be considered as “potential heritage material”.
Yet in Lebanon for instance, one does not find the legal framework and guidelines corresponding to a” heritage awareness" and if the General Direction of Antiquities is regularly referred to, there is no mention whatsoever of the notion of "heritage", let alone “modern” heritage, neither have any recognition in public institutions. The notion of modern spatial and architectural heritage is thus a composite construction, which in the Middle East remains to be clearly defined, proportionally to its versatility.
For this reason, we will examine heritage making procedures emerging both in the field of concrete action, so as to examine the changing patterns of intervention in recent years, the manner in which professional practices occur directly or at the margin of planning practice and of regulatory frameworks, the role of university education in the field of conservation, rehabilitation and enhancement of the urban identity of objects and spaces identified as "heritage", the place of “modern” spaces and objects in this type of work, and finally the reception of these patrimonial interventions by the general public they are intended for.
We shall aim at addressing a wide range of skills such as assessing, defining or managing architectural, urban or territorial space, considered as collective heritage, whatever its scale: whether one is dealing with artistic representations, anthropological spaces, practices and social relations patterns, of keeping the balance between heritage safeguarding and daily life uses or development. Special emphasis will be placed on methods, data- gathering processes, the heritage qualification criteria as well as defining the contours of a professional praxis, with all that implies in terms of variations in the confrontation between field approaches, professional ethics, political balance, lacking or very specific legal provisions, difficulties due to the gap that often exists between the so-called civil society and expert’s visions. This will help us, for the sites concerned, to critically assess whether the “professional” heritage perspective and the reality of the local fabric are correlated, by decoding the insertion procedures: conflicts, negotiations, consensus, compromise, possible setbacks.
Are invited to share their daily experience of heritage process practical, pragmatic and diverse as it is, mainly in Lebanon but also in other countries in the region and in France: urban planners and architects in practice, but also researchers in humanities and social sciences, teachers, professionals and cultural leaders, elected officials or consultants to local authorities, private companies or international organizations, institutions and members of institutional teachers, researchers in the analysis and preservation of craft skills, cultural actors, etc.. Indeed all these actors do contribute to varying degrees to the manufacturing conditions but also the appropriation of modern space, urban and not urban, as heritage items. As such, they all also contribute to renew the field of intellectual and practical experiences.
Perhaps, at the end of this day, will we come to the conclusion that the notion of modern spatial and architectural heritage is being “implemented” through a certain number of professional practices, but that it still is lacking the legal, institutional and political frameworks necessary to its becoming a perennial item?
Depending on the number of participants, the format adopted for the event will, for the first day, consist either in a series of individual interventions, each commented by a moderator, or several thematic round tables followed by a discussion moderated by a moderator. We shall identify several organizing themes around which will be held the first day: the city, spaces, objects, places of socialization; habitat; tools and objects of everyday life, spatial and architectural heritage procedures, professional skills, approaches.