Institut Français, Munira, Le Caire, 1, Madrasset El Huquq El Fransiya Street, Salle 100.
Près de deux ans après le symbolique 25 janvier 2011, ce cycle de séminaires propose, à travers les interventions de chercheuses et chercheurs en sciences sociales, de questionner la dimension genrée de la période révolutionnaire. Il s'agit d'examiner comment cette dernière, en mettant en mouvement - littéralement en « révolution » - les individus, hommes et femmes, a contribué à formuler de nouvelles manières d'« habiter » les normes.
Au cours de cette deuxième séance, nous aurons le plaisir de réfléchir autour de deux contributions :
Lucie Ryzova, "Des rebelles sans drapeau : de la masculinité « lumpen » dans la révolution égyptienne (en cours) ».
Cette communication traite d'une part singulière - non-activiste et non-religieuse - des acteurs révolutionnaires en se concentrant sur la participation des jeunes hommes venant des classes populaires et n'ayant aucune expérience politique préalable. Il s'agira de questionner leur implication dans la révolution à un moment-clé de violence réciproque : la bataille de la rue Muhammad Mahmoud en novembre 2011. La participation de ces jeunes hommes sera abordée à travers l'étude de leurs représentations de l'honneur et de la masculinité ainsi qu'à travers celle de leur positionnement au sein du système sécuritaire néolibéral. Ces jeunes hommes, qui n'ont sans doute jamais espéré changer le système politique, sont là pour régler leurs comptes - entre hommes - avec les forces de l'ordre.
Lucie Ryzova est historienne, et ses travaux portent sur l'Egypte. Elle est bénéficiaire de la bourse de recherche Leverhulme à l'Université d'Oxford, Modern History Faculty.
Perrine Lachenal, « La Belle et le Baltagi : ethnographie de cours de self-défense féminine dans les quartiers chics du Caire en révolution » -
Les offres de cours de self-défense pour femmes se multiplient au Caire depuis janvier 2011. A première vue, cette pratique semble offrir aux femmes une occasion singulière de mettre en jeu leur appartenance de sexe. Ce qu'elle fait, mais pas uniquement. Une ethnographie de plusieurs cours de self-défense féminine, tels qu'ils sont donnés dans certains quartiers aisés du Caire, montre qu'il est aussi question, pour les pratiquantes, d'affirmer leur appartenance de classe. Appartenance qui, depuis la révolution, se cristallise autour d'une narration dans laquelle l'expression d'un sentiment de vulnérabilité est centrale. Les discours des pratiquantes dessinent la figure d'un « ennemi » : un jeune homme des quartiers populaires qui ne partage pas les mêmes codes sociaux qu'elles.
Perrine Lachenal est doctorante en anthropologie - Université Aix-Marseille/CEDEJ.