Ce colloque se propose de procéder à une évaluation critique des politiques publiques de santé et de protection sociale face à la vulnérabilité de larges couches de la population marocaine. Il se propose aussi de procéder à une évaluation des politiques de santé et de prise en charge des maladies chroniques et lourdes.
Bien que plusieurs efforts aient été déployés en matière de santé publique, d’importantes inégalités persistent, territoriales, socio-économique ou de genre. Alors que le Maroc n’a pas encore éradiqué certaines maladies transmissibles comme la tuberculose, il fait face à une augmentation de la prévalence de maladies non transmissibles comme les maladies cardio-vasculaires ou le diabète. Au Maroc, les maladies des pays pauvres cohabitent ainsi avec les maladies des pays riches. Le système de santé qui connaît de nombreuses carences n’est pas en mesure de répondre de manière satisfaisante aux attentes des malades et aux demandes de soins. Au-delà même de l’infrastructure médicale à proprement parler, se pose la question du financement des soins et la pérennité des systèmes de financement. En effet, le système de santé était, à l’origine, dédié aux pathologies aiguës ; il peine, désormais, pour des raisons essentiellement financières et organisationnelles à répondre aux demandes de soins liées à des maladies chroniques. Cette évolution a fait entrer dans la vulnérabilité certaines catégories sociales jusqu’alors épargnées grâce aux différentes formes de solidarités familiales et aux aides de l’Etat. De manière générale, ce sont les ménages ayant les revenus les plus faibles qui ont le plus mauvais état de santé.
Dans la même perspective, on remarquera que la vulnérabilité en matière de santé prend des allures importantes dans des zones rurales, en marge des grandes villes, et dans les anciennes médinas où l’habitat insalubre et la pauvreté se développent de plus en plus. De plus, la mortalité infantile et maternelle reste relativement importante, malgré les politiques de gratuité mises en place par les pouvoirs publics.
Le Maroc connaît une crise en matière d’emploi, d’habitat, de cherté de la vie entraînant la paupérisation de larges couches de la population. Cette situation a, bien sûr, une conséquence sur leur capacité à faire face à leurs problèmes, renforçant le lien entre vulnérabilité socioéconomique et vulnérabilité sanitaire. Face à cette situation, certains préconisent l’interventionnisme étatique, d’autres soutiennent l’action de la société civile. Parallèlement on assiste à une crispation sur les médecines locales et populaires, voire à une revitalisation de certains soins traditionnels (médecine prophétique, thérapie coranique, la baraka des saints…). Ces médecines ont profité des moyens de communication modernes (site web, chaînes paraboliques,…) pour proliférer. A cela, il faut ajouter que la médecine populaire au Maroc demeure un recours pour toute une catégorie de maux psychiques et une alternative face à la cherté du système biomédical.
Organisé par l’Equipe Santé et Société du Laboratoire de sociologie de développement social (LASDES) et le Centre Jacques-Berque pour les études en sciences humaines et sociales (CJB).
Responsables : Mohammed Ababou (LASDES) & Saadia Radi (CJB)
Programme :
Mercredi 17 avril
8 h 30 : Accueil des participants 9 h 00 : Ouverture officielle M. le Président de l’Université Sidi Mohammed ben Abdallah, M. le Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines, Dhar El Mahraz, Fès, M. Abderrahman El Maliki, directeur du Laboratoire de Sociologie de Développement social, M. Jean-Noël Ferrié, directeur adjoint du Centre Jacques-Berque. 9 h 30 : Présentation du colloque : Mohammed Ababou et Saadia Radi
1ère séance : penser la vulnérabilité en rapport avec la santé
Présidence de Laurence-Donia Kotobi, Université Victor-Segalen de Bordeaux & UMR5185 du CNRS 10 h 00 : Anne-Marie Moulin, CNRS, SPHERE UMR 7219 – Université de Paris 7 : « Genèse et usage du concept de vulnérabilité dans les politiques de santé publique : l’exemple de la région ANMO (Afrique du Nord – Moyen-Orient) » 10 h 20 : Abdesslam Ferrai, Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’Université Sidi Mohammed ben Abdallah de Fès : « Populations vulnérables au Maroc : compte rendu d’une étude » 10 h 40 : Jean-Noël Ferrié et Saadia Radi, Centre Jacques-Berque, USR 3136 du CNRS, Rabat : « Vulnérabilité et basculement : Étude d’un cas » 11 h 00 : Discussion
2ème séance vulnérabilité et inégalités face à la maladie
Présidence de Zakaria Rhani, Institut universitaire de la Recherche scientifique et Centre Jacques-Berque 11 h 40 : Pascale Pichon et Elodie Jouve, Centre Max-Weber, UMR5283 du CNRS, niversité Jean-Monnet de Lyon – Saint-Etienne : « Le soin, le soi, le chez soi. L’expérience limite des personnes sans domicile fixe comme modèle de compréhension de la vulnérabilité sanitaire » 12 h 00 : Karima El Rhazi et Mustapha Nejjari, Laboratoire d’Épidémiologie et de Recherche clinique, Faculté de Médecine de l’Université Sidi Mohammed ben Abdallah de Fès : « vulnérabilité et inégalités face au risque de maladies chroniques au Maroc » 12 h 20 : Reida Ababou, Faculté de Médecine de l’Université Hassan II de Casablanca : « Maladie chronique et vulnérabilité : exemple du diabète au Maroc » 12 h 40 : Discussion
3ème séance : Vulnérabilité et inégalités liées face à la maladie
Présidence d’Anne-Marie Moulin, CNRS, SPHERE UMR 7219 – Université de Paris 7 14 h 00 : Fouzi Mourji, Faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales de l’Université Hassan II de Casablanca : « Diabète et caractéristiques socio-économiques de la population au Maroc » 14 h 20 : Amina Essolbi, Institut national d’Administration sanitaire (INAS), Rabat et Vincent de Brouwere, (IMT), Institut de Médecine tropicale, Bruxelle : « Les aidants naturel. Un système de soins informel au Maroc » 14 h 40 : Mustapha Nejjari et Karima El Rhazi, Laboratoire d’Épidémiologie et de Recherche clinique, Faculté de Médecine de l’Université Mohammed ben Abdallah de Fès : « Facteurs l'inégalités et vulnérabilité dans le cancer au Maroc » 15 h 00 : Discussion
4ème séance : Vulnérabilité et inégalités face à la maladie (suite)
Présidence d’Abderrahman El Maliki, Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’Université Sidi Mohammed ben Abdallah de Fès 15 h 20 : Hind Filali, Institut national d’Administration sanitaire (INAS), Rabat : « Vulnérabilité au VIH-SIDA au Maroc » 15 h 40 : Khadija Zahi, Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech : « Mères vivant avec le VIH-SIDA : vulnérabilité et enfermement » 16 h 00 : Josiane Tantchou, CNRS, LAM UMR5115 – Sciences-Po Bordeaux : « L’acceptabilité du test VIH par les femmes enceintes au Maroc : vulnérabilité ? » 16 h 20 : Discussion
5ème séance : Politiques sociales santé maternelle et reproductive
Présidence de Mohamed Mebtoul, Unité de Recherche en Sciences sociales et Santé, Université d’Oran 17 h 00 : Mohammed Ababou, Amina Essolbi, Equipe Santé et Société du Laboratoire de Sociologie de Développement social de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’Université Sidi Mohammed ben Abdallah de Fès et INAS : « Politique sociale et vulnérabilité des femmes enceintes en accouchement en milieu surveillé au Maroc » 17 h 20 : Laurence-Donia Kotobi, Université Victor-Segalen de Bordeaux & UMR 5185 du CNRS : « Le poids des découpages administratifs et des frontières symboliques sur la prise en charge de la santé reproductive en milieu rural » 17 h 40 : Noureddine El Khoudri, Laboratoire d’Écologie humaine, Faculté des Sciences Semlalia de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech : « Facteurs socio-économiques et morbidité chez un groupe de femmes de la ville de Marrakech » 18 h 00 : Discussion
Jeudi 18 avril
6ème séance : soins et accès aux soins en situation de vulnérabilité Présidence Khadija Zahi, Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech 9 h 00 : Elise Guillermet, Institut des Études tropicales, Genève : « Routine accidentée ? L’impact des ARV pédiatriques sur le rapport à la maladie et les relations soignants- accompagnés-soignants » 9 h 20 : Marc-Eric Gruénais, Université Victor-Segalen de Bordeaux & UMR 5185 du CNRS : « Accès aux soins, gestion des ambulances et gouvernance locale au Maroc » 9 h 40 : Mohamed Mebtoul, Unité de Recherche en Sciences sociales et Santé, Université d’Oran : « La privatisation des soins en Algérie : l’exemple des cliniques privées ». 10 h 00 : Discussion
7ème séance : santé et groupes vulnérable au Maroc Présidence de Pascale Pichon, Centre Max-Weber, UMR 5283 du CNRS, Université Jean-Monnet de Lyon – Saint-Etienne. 10 h 40 : Ahmed Bouziane, Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’Université Sidi Mohammed ben Abdallah de Fès : « Les enfants de la rue au Maroc : pauvreté urbaine et fragilisation du lien familial » 11 h 00 : Mohammed Faoubar, Mohammed Ababou, Faculté des Lettres et des Sciences humaines Sais, Fès et Laboratoire de Sociologie de Développement social de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’Université Sidi Mohammed ben Abdallah de Fès : « Politiques sociales et protection de l’enfance au Maroc : analyse sociologique du travail social et sanitaire des maisons de protection de l’enfance à Fès » 11 h 20 : Abdellatif Baali, Laboratoire d’Écologie humaine, Faculté des Sciences Semlalia de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech : « Etat nutritionnel et caractéristiques sociodémographiques : étude d’un groupe de personnes âgées de la ville de Marrakech » 11 h 40 : Hayat Zizari, Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université Hassan II de Casablanca : « Genre, vulnérabilité et maternité » 12 h 30 : Discussion générale des actes du colloque
Lieu : Le colloque se tiendra dans la salle de l’Agence urbaine et de sauvegarde de Fès, Avenue de Palestine (en face du complexe Al-Houria)