Au programme : une conférence illustrée de photos « Dans l’atelier de Patrick Modiano : anatomie d’un étrange prix Nobel » par Raphaëlle Guidée, maître de conférences à l’université de Poitiers, rédactrice en chef des Cahiers de l’Herne consacrés à Patrick Modiano.
Et des interventions de Ekaterina Guenieva, la directrice de la bibliothèque des langues étrangères, Hélène Mélat, directrice du centre d’études franco-russe, Mireille Choffrut, attachée pour le livre de l’institut français de Russie, Olgert Libkine, directeur des éditions Text, et les traductrices e l’œuvre de Modiano : Natalia Mavlévitch, Nina Khotinskaïa, Ekaterina Kojevnikova.
Vente des ouvrages de Patrick Modiano parus aux éditions Text.
Raphaëlle Guidée est maître de conférences en littérature comparée à l’université de Poitiers. Elle est spécialiste de littérature du XX et XXIe siècle (domaines français, anglophone et germanophone), et travaille sur les rapports entre littérature et arts, politique, éthique et sur le thème de la mémoire, de la mélancolie et des violences dans la littérature contemporaine. Elle a codirigé le Cahier de l’Herne consacré au prix Nobel Patrick Modiano.
À la croisée des genres : la littérature contemporaine face au savoir historien
Les années récentes ont été marquées par plusieurs polémiques retentissantes sur le droit de la littérature à dire l’histoire des violences extrêmes du XXe siècle (Jonathan Littell, Les Bienveillantes, Yannick Haenel, Jan Karski, Laurent Binet, HHhH). Ces polémiques témoignent à la fois de l’intérêt renouvelé de la littérature française pour l’histoire, amorcé dès les années 1980, et du brouillage de la frontière entre écriture littéraire et savante qui l’a accompagné. Tout comme l’historiographie française contemporaine explore des territoires et des procédés traditionnellement romanesques (Alain Corbin, Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot, Patrick Boucheron, Leonard et Macchiavel, Ivan Jablonka, Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus), le roman mobilise désormais régulièrement des outils documentaires comme le recueil des témoignages et la transcription des archives pour retrouver la trace d’individus disparus (Patrick Modiano, Dora Bruder). Alors que l’historien Ivan Jablonka définit l’histoire comme « une littérature contemporaine » (c’est le titre de son dernier essai), tout se passe comme si la littérature elle-même ne cessait de redéfinir sa vérité propre en la confrontant au savoir et au savoir-faire de l’historien.
Sans prétendre cerner en quoi consiste cette « vérité » de la littérature évidemment mobile, cette conférence propose de s’appuyer sur l’étude de quelques récits contemporains à la croisée des genres et des disciplines (notamment Dora Bruder et la correspondance entre Serge Klarsfeld et Patrick Modiano qui a accompagné l’écriture du livre) pour explorer les effets du brouillage des frontières et les malentendus qu’il occasionne.
Lieu : Salle ovale de la bibliothèque des langues étrangères (6, rue Nikoloïamskaïa).