Résumé : Le Grande Guerre a été qualifiée de première guerre moderne, industrielle et démocratique. Des millions de soldats furent tués sans avoir tué, sans avoir eu l'occasion de tirer un seul coup de fusil. La plupart ne virent jamais l'ennemi. Mutilés, tués par les éclats d'obus, ils furent des victimes, non des héros. Les images de bétail, troupeau, abattoir furent fréquentes, comme dans Le Grand Troupeau de Giono (1931). Drieu la Rochelle insista sur le caractère démocratique de la guerre moderne, par opposition de la guerre éternelle, celle de l'Iliade, de la chevalerie médiévale, et même des guerres napoléoniennes, où le caporal devenait maréchal : « C'est une guerre pour bureaucrates, ingénieurs ; elle n'a rien de noble; c'est une guerre démocratique. »
Profil : Antoine Compagnon (né en 1950), professeur et historien de la littérature française. Ancien élève du Prytanée national militaire et de l'École polytechnique, ingénieur des Ponts et Chaussées, docteur d'État ès lettres, Antoine Compagnon fut professeur de littérature française à l'université de Paris-Sorbonne (Paris IV) et à l'université Columbia (New York). Il fait partie depuis mars 2006 du Haut Conseil de l'éducation et a été élu en avril 2006 professeur au Collège de France. Depuis 2009, il fait partie du jury du prix de la BnF. Il a publié en 2014 : La Grande Guerre des écrivains (Gallimard, « Folio Classique »).