Etat de droit et histoire du Maroc contemporain - Le Maroc au Sahel : enjeux d'une diplomatie de sécurité religieuse
avec Mme. Yousra Abourabi, doctorante en Relations internationales à l'Université Lyon III – Jean Moulin, associée au Centre Jacques Berque
"Le Maroc au Sahel : enjeux d'une diplomatie de sécurité religieuse"
Les idéologies extrémistes dans la région sahélienne attestent d'une crise des identités et des références collectives, et constituent un défi pour l'Etat dans sa capacité à transmettre un logiciel culturel englobant. Afin de s'identifier à ce dernier, la transmission des références religieuses traditionnelles doit être couplée avec une réappréciation des enjeux sociopolitiques du moment : quelle place tient l'islam dans la société ? Comment est défini cet islam ?Le fondamentalisme religieux constitue une réaction à l'échec de l'Etat à assurer cette fonction, et à la dissolution des frontières religieuses traditionnelles.L'enjeu actuel des Etats nord-africains est d'offrir un modèle suffisamment convainquant tout en évitant trop de contorsions théologiques pouvant affaiblir le pouvoir. Ce modèle, s'il est apprécié, vise à limiter les dérives radicales.Au Maroc, la prise en compte de cette dimension s'illustre par une restructuration du champ religieux en interne, et une tentative d'exportation de son modèle au Sahel.
Présentation du séminaire État de droit et Histoire du Maroc contemporain du CJB
L'histoire contemporaine du Maroc, depuis son indépendance jusqu'à la fin du règne de Hassan II, a été marquée par l'intensité des dynamiques conflictuelles sur les questions des réformes et du pouvoir. Ces dynamiques ont profondément influé sur les processus sociopolitiques et anthropologiques de manière plus générale: notamment sur les questions du partage du pouvoir, sur le rapport, individuel et collectif, au politique et sur les articulations culturelles et identitaires.
Dans un contexte de transformations et de réformes qui se planifient, se négocient et se mettent en place, le Maroc connaît des changements dans ses modes de gouvernance, dans la manière dont la citoyenneté est perçue et vécue, dans les relations entre institutions, entre institutions et citoyens, dans le rapport aux droits et à la chose publique, etc. , qui bousculent les repères que décideurs, chercheurs et citoyens peuvent avoir et rendent d'autant plus visibles et prégnantes les défaillances à l'application du droit formel, à l'équilibre et à la complémentarité des pouvoirs, aux différentes expressions de la gouvernance telle qu'induites par un Etat de droit et attendues par différentes franges de la société marocaine.
Ce cycle de conférences prend le relai du séminaire « Histoire et mémoire du temps présent » organisé par le CJB, ainsi que du séminaire « Etat de droit » mis en place en 2012-2014, en vue d'élargir et d'approfondir des questionnements centraux à la compréhension de l'évolution de la société marocaine post-indépendance et de son histoire politique.
L'objectif de ces rencontres est d'explorer les luttes et tensions sociales et politiques qui ont caractérisé le processus de construction étatique au Maroc au lendemain de l'indépendance, et de se pencher sur ce concept d'Etat de droit en le confrontant au contexte marocain au travers de différents prismes touchant tant aux questions de gouvernance, de démocratie et de citoyenneté, que ceux de configurations et de relations entre les différents pouvoirs et acteurs.
Les séances de ce cycle de conférences verront la participation d'acteurs, chercheurs et analystes de différentes disciplines et profils qui exposeront autour de thématiques sous-jacentes à la question de la mémoire et de l'histoire du temps présent au Maroc.