Dans le cadre du cycle de séminaires en sciences sociales en partenariat avec l'Institut de politique sociale de l'École des hautes études en sciences économiques, Isabelle Coutant (CNRS-Iris) interviendra sur « La question migratoire vue d’en bas : ethnographie des quartiers populaires ».
Les quartiers populaires sont bien souvent, dans un premier temps tout du moins, les premiers lieux d’installation des populations immigrées dans leurs pays de destination. C’est ce qui m’a amenée à considérer, au fur et à mesure de mes recherches, qu’on ne pouvait penser la « cause des exilés », telle qu’elle s’exprime aujourd’hui, indépendamment de la « cause des quartiers » ; ce sont ces quartiers populaires qui assurent de fait une fonction d’accueil. Comprendre les relations entretenues entre les différentes catégories d’habitants à l’échelle locale et leurs éventuelles traductions politiques, c’est dès lors les mettre en perspective avec les transformations des classes populaires depuis la fin du XXe siècle. Et se donner les moyens de penser les conditions sociales de la tolérance. C’est cette grille de lecture que j’adopterai pour relier plusieurs enquêtes menées depuis vingt ans dans différents secteurs de la région parisienne, depuis les quartiers parisiens en voie de gentrification jusqu’aux « cités » périphériques et aux zones pavillonnaires modestes de banlieue.
Isabelle Coutant, ancienne élève de l’École Normale Supérieure, est sociologue au CNRS, spécialisée en ethnographie urbaine. Depuis une vingtaine d’années, elle étudie les transformations des classes populaires dans la France contemporaine, à travers des enquêtes de terrain en région parisienne qui mettent en évidence les effets de leur précarisation et de leur déstructuration. En particulier, elle s’est intéressée aux relations entre différentes fractions des classes populaires et des petites classes moyennes à l’échelle locale, dès son premier ouvrage (Politiques du squat, La dispute, 2000). Elle a ensuite co-dirigé une enquête collective sur un quartier pavillonnaire en banlieue parisienne, qui a exploré la manière dont les habitants ont réagi à l’installation de familles immigrées au cours des années 1990 et 2000 (La France des « petits-moyens », Cartier et alii, La découverte 2008 [Berghahn Books, 2016]). Isabelle Coutant a prolongé cette réflexion sur les conditions sociales de la tolérance à travers sa dernière recherche autour de la crise migratoire en Europe (Les migrants en bas de chez soi, Seuil, 2018).
Intervention en français avec traduction simultanée vers le russe.
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