Présentation de Riccardo Cucciolla (Haute école d’économie) « Sharof Rashidov et les relations internationales de l’Ouzbékistan soviétique (1950-1983) ».
Pendant la Guerre froide, Sharof Rashidov est devenu représentant du programme soviétique anti-impérialiste, interlocuteur clef avec les dirigeants des pays du tiers monde et promoteur de l’Ouzbékistan comme modèle moderne et émancipé du développement politique, économique, social et culturel pour les pays devenus indépendants après la décolonisation. Tachkent a accueilli des rendez-vous importants entre dirigeants soviétiques et asiatiques comme des festivals internationaux de cinéma et de littérature attirant des centaines d’intellectuels, d’écrivains, de poètes, de journalistes, de syndicalistes et de sportifs d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. De plus, l’Ouzbékistan est devenu le symbole de la compatibilité autoproclamée entre le communisme et l’islam en proposant une façade de liberté religieuse, la tolérance et la tradition combinées au progrès bolchevique. Or l’invasion soviétique de l’Afghanistan a discrédité ce récit — tandis que l’Ouzbékistan et Rashidov (à titre posthume) ont été humiliés lors l’affaire du coton ouzbek — et pointé les limites de l’internationalisme ouzbek.