Atelier franco-tchèque en sciences historiques organisé par le CEFRES en partenariat avec la Faculté des lettres de l'Université Charles à Prague (Chaire d'histoire tchèque).
Conférence de Jean-Marie Moeglin, (Université Paris IV-Sorbonne) : « Réécrire l'histoire de la Guerre de Cent Ans ».
Résumé
On a trop souvent écrit l'histoire de la Guerre dite de Cent ans comme l'histoire d'une guerre ; il serait plus exact en fait de l'écrire comme l'histoire de la recherche d'une paix, la « paix finale », entrecoupée par un certain nombre d'épisodes militaires dont le but principal était de contraindre l'adversaire à négocier la paix. La conférence s'efforcera de montrer que cet échec à trouver une « paix finale » tient à une indécision de fond quant aux règles, aux normes et aux principes qui devaient gérer et organiser les relations entre princes et États. L'on a, tout au long du XIVe siècle, une sorte de succession dialectique et de heurt entre plusieurs conceptions des rapports entre princes et États, l'une et l'autre partie se référant successivement à telle ou telle vision de ces relations que l'autre partie ne reconnaissait pas.
Jean-Marie Moeglin est historien. Ses recherches portent sur plusieurs aspects de l'histoire culturelle du Moyen Âge, en particulier en France et en Allemagne. Il s'intéresse aux rituels et symboles utilisés par les différentes institutions politiques pour légitimer leur pouvoir. Dans ce contexte, l'écriture de l'histoire au Moyen Âge, l'instrumentalisation du passé et la construction de lieux de mémoire constituent un angle d'approche important de ses travaux. À travers l'histoire de la Guerre de Cent Ans, il étend sa réflexion à la lutte militaire et symbolique que se livrent deux États, la France et l'Angleterre.